Moyen Parmi les objets auxquels recourent les magiciens, les parfums tiennent une place importante. C?est un élément de l?offrande faite aux démons, attirés par les odeurs de certains produits. On sait le rôle que les aromates ont joué dans les religions antiques pour s?attirer les faveurs des divinités. C?est la subtilité du parfum qui s?évapore dès qu?on le verse, mais qui marque sa présence par l?odeur qu?il dégage, qui en fait un élément d?essence spirituelle. En Algérie, les parfums à brûler sont appelés bkhur, au sens propre «vapeurs», et les fumigations tebkhir. On leur accorde une telle importance en magie qu?il ne peut y avoir de rite ni d?incantation importante sans ces parfums. Autrefois, certains mendiants, conscients de ce pouvoir du parfum, n?hésitaient pas, quand ils parcouraient les rues, à encenser les gens auxquels ils demandaient l?aumône, comme pour les séduire et obtenir d?eux ce qu?ils veulent ! Les particuliers aussi, quand ils jugent qu?ils sont victimes d?un sortilège ou que leur demeure est assaillie par des démons, brûlent des parfums. Le parfum le plus utilisé dans toutes ces manifestations est assurément le benjoin, el-djawi, une résine aromatique extraite du styrax, un arbre originaire des Indes. On le brûle aussi dans les sanctuaires et les mausolées et son odeur lourde instaure une certaine atmosphère de solennité et de méditation. Le benjoin est souvent associé à d?autres parfums. L?association la plus connue est celle qu?on appelle les sept fumigations, sbaâ bkhur : elle réunit le benjoin dans ses deux variétés, le noir et le blanc (al-djawi lekh?al et el-djawi lebyad?), le bois d?aloès (al?âud al-qamari), le styrax (el-mi?â), l?encens (al-lubban), la coriandre (al-kosbar), la résine d?élémi (bkhur soudan). (à suivre...)