On sait que le vin et toutes les boissons fermentées font partie des interdictions alimentaires de la religion musulmane. Le Coran avait commencé par vilipender l?ivrognerie, puis avait interdit de faire la prière en état d?ébriété, pour finir par interdire sans retour les boissons fermentées, assimilées aux ?uvres du démon. Mais beaucoup de gens ont continué à boire, non seulement en Algérie, mais dans le reste du monde musulman, et l?ivrogne fait partie des personnages pittoresques du paysage. Pour désigner le vin, les langues algériennes, qu?il s?agisse de l?arabe ou du berbère, emploient le terme chrab. Le mot vient du classique charab qui signifie «boisson». Il dérive du verbe charaba (boire). Mais si charaba est utilisé sous la forme chrab, chrab, lui, n?est employé que dans le sens de «vin, boisson fermentée» et, par extension «boisson alcoolisée». Comme marque de spécialisation, c?est toujours un mot singulier. Qu?il vienne à prendre la marque du pluriel, lmechrubat, et il désigne les boissons en général. Ainsi ih?eb chrab signifie «il aime les boissons fermentées», iheb lmechrubat lbarda a le sens de «il aime les boissons fraîches». C?est là une façon de singulariser le vin, de dire qu?il n?est pas une boisson comme les autres, qu?il ne faut pas le confondre avec les autres boissons. Une autre désignation du vin est lqar?â, littéralement «la bouteille» : yedrab lqar?â (il tape la bouteille) signifie «il boit», iheb lqar?â (il aime la bouteille). Il s?agit là d?un emploi métonymique si fréquent dans beaucoup de langues : un contenu est désigné par son contenant, un objet par une de ses parties ! (à suivre...)