Le symbolisme du tavernier – on dira aujourd'hui barman – est lié au métier du vin, khamr, en arabe. E khamr signifie, au propre, «boissons fermentées», mais il est étendu à tout produit susceptible d'enivrer. L'interdiction du vin et des boissons alcoolisées passe aujourd'hui par l'un des traits caractéristiques de l'Islam. En fait, elle prend sa source dans la tradition monothéiste la plus ancienne qui associe le vin et ses plaisirs aux œuvres du démon. On sait que l'Ancien Testament contient toute une série de recommandations contre le vin et le Nouveau Testament dénonce le goût des boissons fortes comme une pratique païenne, donc un péché grave. Le vin n'est pas condamnable en soi puisqu'il est cité par les bienfaits accordés par Dieu aux hommes : «Des fruits du palmier et de la vigne, vous tirez des boissons enivrantes ainsi qu'une bonne substance. Il y a là un signe pour des gens qui raisonnent.» (Sourate 16, Les abeilles, v. 24 ou 14 ?). Un autre verset souligne les bienfaits des boissons fermentées, mais il insiste sur ses méfaits : «Ils t'interrogent sur les boissons fermentées et le jeu de hasard, il y a, en eux, un grand péché et des choses profitables pour les hommes, mais le péché l'emporte sur les profits.» (Sourate 2, La Vache, v. 219). C'est pourquoi, les boissons fermentées, dont les inconvénients sont plus importants que les avantages, sont interdites. «O vous qui avez cru, les boissons fermentées (khamr), le jeu de maysir et les tirages au sort (par les flèches divinatoires) ne sont qu'un acte impur, procédant du démon. Eloignez-vous d'eux. Peut-être serez-vous heureux.» (s. 5, la Table servie, verset 90).