Pour désigner le vin, on emploie aussi le terme par lequel la langue classique le désigne : khamr, mais ce mot est beaucoup moins utilisé que chrab. Khamr a une consonance plus stricte, plus répréhensible aussi, puisqu?elle évoque l?interdit religieux. Si le mot chrab met l?accent sur la boisson, le mot khamr, lui, insiste sur le caractère fermenté de ladite boisson : ce qui fait le vin, c?est takhmir, la fermentation. Le vin de raisin ? en fait le vin proprement dit ? n?est pas le seul khamr. La tradition musulmane cite le nabidh, vin obtenu à partir de la fermentation de dattes, produit qui a été frappé également d?interdiction au temps du Prophète. On connaît le nabidh, mais, en Algérie, plus précisément dans le Sud, c?est le legmi, la sève du palmier, qui est consommé. Pour l?obtenir, on coupe la couronne de feuilles au sommet du palmier puis on creuse un trou dans lequel on place un petit tuyau introduit dans une gargoulette : la sève s?écoule et tombe dans le récipient. Un palmier peut donner, dans la journée, plusieurs litres de legmi. La boisson fraîche, au goût très agréable,désaltère, mais si on la laisse au soleil, elle fermente très vite et se transforme en alcool à 15°, devenant ainsi une boisson fortement enivrante. C?est une boisson fortement prisée, mais coûtant cher. Certains, guettant les gargoulettes suspendues aux arbres, n?hésitent pas à s?en emparer ; ces voleurs de legmi font l?objet de la réprobation générale. Le vin de figue, la fameuse bokha, n?est pas aussi répandu que le legmi. C?est surtout une préparation des Tunisiens, qui en raffolent.