Ras-le-bol La tempête qui s?est déchaînée sur les sinistrés a, du coup, libéré leur colère, longtemps refoulée. «Nous n?enlèverons pas les barricades tant que les autorités locales continuent de nous ignorer.» C?est en ces termes que se sont exprimés les émeutiers qui bloquent depuis vendredi l?autoroute de Bordj-Ménaïel menant vers Tizi Ouzou. À l?origine, une tempête qui a soulevé en début d?après-midi les tentes dans les camps des sinistrés, en même temps que leur colère. Les sites Dgsn I et II, Bastos et Chafaï ont subi les foudres du mauvais temps, ce qui aurait causé, selon certains, la mort de deux enfants. Un arbre tombé sur le toit d?une maison dénote de la force du vent. Dans les camps, des tentes sont affaissées, irrécupérables. Sur le pont, à l?entrée de Bordj Ménaïel, l?accès à l?autoroute est fermé. Les enfants et les adolescents sont maîtres des lieux. Les parapets en métal séparant les deux voies ont été arrachés et sont, là, en travers de la chaussée, des pneus calcinés... Des automobilistes rebroussent chemin pour effectuer des détours, notamment par Cap-Djinet pour ceux qui se dirigent vers Tizi Ouzou. De grosses pierres laissent imaginer que les automobilistes imprudents ont été attaqués. Alors que nous entamons à pied notre chemin vers les camps, un adolescent armé d?un tesson de bouteille s?avance et s?aperçoit que nous sommes accompagnés de deux guides. Il nous conseille de nous diriger vers l?arrêt, si nous voulons éviter les agressions, alors qu?aucun bus n?a le droit d?accéder à l?autoroute. Nos accompagnateurs déplorent que certains profitent de la situation pour agresser et racketter les passants qui sont obligés d?emprunter cette route ainsi que les automobilistes qui n?ont pas le temps de fuir. L?un des deux guides, Abdellah, dénonce l?inertie des autorités locales. «Tout est à l?arrêt. Les démolitions sont à 50% alors que le relogement tarde à venir. Quant aux réparations, les concernés n?ont même pas trouvé leurs dossiers au niveau de l?APC», déclare-t-il. «Personne n?est venu nous rassurer ou nous fixer un échéancier», poursuit Abdellah, relayé par Kamel Kouici qui craint que le retard ne persiste et attise davantage la colère des sinistrés. Pointant du doigt le centre de soins restauré, il soutient que la municipalité peut travailler lorsqu?elle le veut. Tous craignent que leur situation ne perdure. «Nous ne sommes pas encore en hiver et regardez les dégâts. Qu?en sera-t-il à ce moment-là ?» s?interroge Boualem, un sinistré du site Dgsn II. Même s?ils ne sont pas sur les lieux où s?exprime la colère, ils affirment que la route restera fermée jusqu?à ce que leurs revendications soient prises en considération.