Finances Au moment du passage de la loi sur la monnaie et le crédit à l?APN, Union Bank et BCIA ont choisi le bon timing pour monter au créneau. Les banques privées, le crash El Khalifa Bank et le scandale Bcia reviennent sur le devant de la scène. Hier, en présence des membres de la commission de finances de l?APN, Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, a dressé un tableau noir en évoquant les 134 milliards de dinars qui se sont volatilisés avec la chute de l?empire de Abdelmoumène Khalifa : «Cet argent aurait pu servir à la construction de 2 033 écoles, 1 000 lycées, une dizaine de CHU et 90 000 logements sociaux.» L?aveu est de taille. Interprété autrement, cela veut dire qu?à l?heure où le Trésor public endure les 80% de la dette extérieure de l?Algérie, le pays n?a plus d?argent pour construire écoles lycées, hôpitaux et logements sociaux. Soit le minimum vital auquel aspire le citoyen. C?est d?ailleurs dans ce sens que Benachenhou compte mettre à exécution son plan de sauvegarde du système financier. Pour parer au plus pressé, le ministre veut passer son projet de la loi sur le crédit et la monnaie. Ce projet devra «renforcer les missions de la Banque d?Algérie et définir ses relations avec le gouvernement» et de «créer un instrument de contrôle des marchés des changes au sein de la Banque Centrale». Le message est clair : la thérapie de choc risque d?avoir des «répercussions» sur les 26 banques privées opérant en Algérie, vivant actuellement avec la peur au ventre de connaître le même calvaire que El Khalifa Bank et la Bcia. La hantise s?est accentuée depuis que les gros épargnants ont commencé à retirer leur agent déposé dans ces établissements privés. Pour bon nombre d?analystes, la confiance demeure le levier de la cohabitation banque-citoyen. Or, cette confiance n?est plus d?actualité ! L?Algérien n?épargne plus, n?empreinte plus et ne sait plus que faire avec son argent. Il ne sait plus aussi que vaut réellement une modification sur la loi sur la monnaie et le crédit et ne mesure pas l?ampleur des retombées de «la levée de protection sur le dinar», tel que l?a prévu, en août dernier, la Banque centrale. Mais au moment où Benachenhou propose en «grande pompe» son projet de loi sur la monnaie et le crédit, l?Union Bank et à travers un communiqué de son conseil d?administration sur le risque de fragilité du système financier, regrette au passage la disparition de El Khalifa Bank. «Cette chute a fait mal au pays», regrette-t-on, avant d?ajouter que sa mise en liquidation brutale «a provoqué une crise de confiance comme le laisse supposer le retrait massif des épargnants». Les rédacteurs du communiqué insistent, au passage, sur la mort des investissements et confirment que «ni les banques nationales, ni les autorités monétaires, ni les pouvoirs publics n?ont joué le rôle de régulation qui leur est imparti». Mais Union Bank ne reste pas au stade des constats puisque «afin de préserver les intérêts de ses clients, elle a pris l?initiative de saisir la justice». Choisissant le même timing, la Bcia est sortie de son mutisme pour plaider sa cause et parle ouvertement de «simulacre de procès de la commission bancaire». «Cette même commission a provoqué une totale insécurité dans le domaine bancaire.»