Résumé de la 1re partie Dans le plus grand secret, Nils Scott se prépare à l?énucléation de Jacques. Mis dans la confidence, le chef mécanicien passe des nuits entières à exécuter les objets demandés. Avec du fil d'acier et des manches de limes à ongIes, il fabrique un jeu de minuscules crochets destinés à tirer sur les muscIes de l'?il. Dans une feuille d'aluminium, il confectionne une sorte de pince qui devra servir à écarter les paupières. Enfin, il s'attaque à la table d'opération qui doit être munie d'un accoudoir dont le but est d'assurer au chirurgien une parfaite immobilité de l'avant-bras. Pendant ce temps, le Canadien PauI Lapôtre fabrique un masque à oxygène, tandis que le glaciologue suédois Tor s'attelle à la machine à coudre pour confectionner, avec des sacs de couchage, des calottes, masques et tabliers pour l'équipe d'opération. Cinq hommes sont choisis pour des rôles extrêmement précis. Le photographe aIlemand Karl Schumann sera l'assistant. Tor sera l'anesthésiste. PauI Lapôtre sera chargé de passer les instruments. Le géologue américain Schaeffer surveillera la pression artérielle, quant au chef de l'expédition, l'Anglais Max Ader, il prendra le pouls et tiendra le journal de l'opération. Alors, dans le plus grand secret, tous ces hommes venus de l'autre bout du monde vont s'entraîner pour sauver la vue d'un de leurs camarades. Après de longues conférences avec ce jeune «patron» qui va opérer pour la première fois de sa vie, ils vont répéter cent fois les mêmes gestes, refaire inlassablement le même mouvement, au millimètre près. De son côté, Nils Scott s'entraîne. Sur les conseils du professeur norvégien, il exerce l'agilité de ses doigts en attachant un fil à son petit doigt et en y faisant des n?uds en se servant du pouce et de l'index de la même main. Deux jours avant la date prévue, les six hommes font une répétition générale. Bien sûr, malgré l'extrême discrétion dont ont fait preuve les protagonistes, la nouvelle a fini par se répandre. Dans la mission, tout le monde est au courant, sauf l'intéressé lui-même. Mettant les attentions particulières dont il est l'objet sur le compte de sa blessure à l'?il, Jacques Mauduit ne s'est pas rendu-compte qu'elles étaient destinées à l'éloigner des lieux où l'équipe «répétait». Le 12 juillet, après le dîner, Max Ader fait venir le blessé dans son minuscule bureau, en compagnie du médecin. Il lui annonce la nouvelle, puis il passe la parole à Nils Scott qui lui explique en détail les conversations par radio qu'il a eues avec le professeur norvégien. Malgré son extrême pâleur, qui prouve une émotion intense, Jacques Mauduit trouve la force de plaisanter : «Essaie de ne pas te tromper d'?il !» Le lendemain, à midi, les six hommes se livrent à une ultime répétition générale. Le réfectoire a été vidé de ses meubles et lavé à l'eau javellisée. Au plafond, au-dessus de la table d'opération, Karl Schumann a instaIlé des lampes photographiques à grande puissance. Une seconde série d'ampoules de secours a été branchée sur des batteries, au cas où le groupe aurait une défaillance. Tout a été prévu, répété, calculé. (à suivre...)