Résumé de la 2e partie A l?insu de Jacques Mauduit, ses camarades s?entraînent et répètent inlassablement en vue de l?opération qu?ils vont lui faire subir à l??il. A treize heures, le Français fait son entrée dans la saIle d'opération. A la vue de ses six copains, vêtus de blanc, masqués et gantés, Jacques Mauduit, pour dissimuler son anxiété, plaisante : «Attention, les gars, vous aIlez me faire peur.» Tous se mettent à rire et cela détend un peu l'atmosphère. Le patient s'aIlonge sur la table. Tor, le glaciologue suédois, promu anesthésiste, fait la piqûre. Quelques instants plus tard, Jacques Mauduit a perdu conscience. Et l'opération commence. Avec un sérieux et une concentration exemplaires, ces six hommes suivent et assistent pendant 2 h 40 ce jeune étudiant en médecine qui pratique une énucIéation pour la première fois de sa vie. Pendant 2 h 40, suant à grosses gouttes derrière leur masque, ces jeunes hommes, rompus aux exercices physiques les plus durs, restent immobiles. Ils ne prononcent pas une seule parole inutile. Le pouIs du patient s'accélère de manière inquiétante. Une piqûre administrée par le glaciologue le fait revenir à la normale. Ce n'est que lorsque Nils Scott aura fait son ultime pansement et prononcé les mots «c'est terminé», que ces grands gaillards, habitués à parcourir les glaciers pendant des heures, s'aperçoivent qu'ils sont morts de fatigue. Et l'attente commence. Le professeur Vogt a annoncé que l'on ne saurait si l'opération avait réussi que sept semaines plus tard environ. Petit à petit, Jacques Mauduit, qui a parfaitement subi l'épreuve, reprend son travail. Deux mois plus tard, Nils Scott peut envoyer un message à OsIo : «Opération réussie. Au nom de tous, merci.» Mais l'équipe n'a pu savourer pleinement sa victoire que trois mois plus tard. Ce jour-là, comme prévu, le bateau ravitailleur parvient jusqu'à la mission. Après avoir débarqué les caisses et les containers de toutes sortes, le commandant remet à Nils Scott un petit paquet. Ce qu'il a fait parvenir en secret, c'est une série d'yeux artificiels, dont l'un est parfaitement assorti à l'?il valide du météorologue. Une petite incision et il est mis en place. Alors seulement l'étudiant en médecine peut annoncer à son équipe que leur tâche est accomplie. Lorsque l'?il valide de Jacques Mauduit se tourne d'un côté ou de l'autre, l'?il artificiel suit le même mouvement. Oh ! pas beaucoup, mais il bouge. Ce que peu de spécialistes au monde parviennent à faire, des amateurs l'ont réussi. Lors de l'intervention, sur les conseils du grand chirurgien norvégien, Nils Scott a suturé les muscles des deux yeux les uns avec les autres dans le bon ordre, formant ainsi une sorte de bouquet qui, par friction, oblige l'?il artificiel à se déplacer en même temps que l'?il valide. Le résuItat est fantastique, étant donné les circonstances de l'opération. Voilà comment, à l'autre bout de la planète, un Norvégien, un Anglais, un Canadien, un AIlemand, un Suédois et un Américain, ont réussi parfaitement une opération destinée à sauver un Français de la pire des infirmités. «Si tous les gars du monde»... Une histoire héroïque ? Non. Une histoire d'hommes, tout simplement.