À l'instar des autres stations balnéaires, à Tigzirt, la saison estivale a été brusquement interrompue par l'arrivée du mois de Ramadhan. “Nous n'avons eu à peine que le temps d'arranger nos serviettes de plage pour humer l'odeur de la chorba et nous retremper dans l'ambiance de Ramadhan”, nous a déclaré Ali, un estivant à Tigzirt. Si la majorité des estivants ont plié bagage pour passer ce mois chez eux, certains ont préféré prolonger leurs vacances à Tigzirt. Dans la ville, le décor et les habitudes ont vite changé. Des commerces de glaces, des restaurants actifs et bien d'autres activités ont été remplacés par d'autres, à l'exemple de la zlabia, des fruits et légumes et d'autres commerces en relation étroite avec le Ramadhan. Les plages sont presque vides. Mais certains, en dépit du jeûne, ne les ont pas quittées. D'autres, vers la fin de la journée, s'y rendent avec leurs enfants. “Nous ne nageons pas, nous sommes là pour les enfants. Eux, ils peuvent encore profiter de la plage”, nous a déclaré Rachid, rencontré à la Grande Plage. À l'instar de la majorité des citoyens, à Tigzirt, on se plaint de la montée vertigineuse des prix des divers produits de consommation. “Les prix sont excessivement élevés, mais nous n'avons pas le choix. Le climat et les exigences du Ramadhan obligent. Je pense que la folie d'achat du mois de carême ralentira et les citoyens deviennent rationnels et réalistes”, nous a déclaré un citoyen, rencontré au marché de Tigzirt. Dès l'arrivée de la nuit, Tigzirt se réveille. Depuis le début, une autre ambiance caractérise la ville de Tigzirt jusqu'à des heures tardives. Les cafés de la ville sont bondés de monde. On s'attable sur les terrasses pour savourer ces moments de détente sur fond de fraîcheur, après une longue journée de jeûne. En dépit de l'absence de programmes d'animation, l'ambiance et le bonheur sont lisibles sur les visages des citoyens. Mais la grande majorité afflue vers le nouveau port de pêche et de plaisance. En effet, ce site est devenu un véritable espace qui attire des milliers de citoyens durant toute la nuit. On y trouve beaucoup de monde. L'espace réservé aux jeux est pris d'assaut par les enfants qui s'adonnent à d'interminables parties de distraction sous l'œil vigilant des parents. Le site est merveilleusement éclairé. En plus des agents de sécurité, des unités de polices surveillent discrètement et veillent à la sécurité des lieux. Si les premiers jours, peu de familles se rendaient à ce lieu, leur nombre est devenu de plus en plus important au fil des jours. “C'est une culture formidable qui est en train de naître à Tigzirt. C'est beau de voir toutes ces familles se décompresser et circuler”, dit Saïd, assis sur un banc avec sa famille. Des groupes de jeunes nagent et s'adonnent à d'interminables plongeons. D'autres s'adonnent à des balades en embarcation, en louant des pédalos. Cette ambiance, propre à la ville de Tigzirt, rompt la solitude des pêcheurs. Les autres sites sont également bien éclairés et connaissent la présence de citoyens, tels que le Front de mer, la plage Tassalest, la Grande Plage, et ce jusqu'à la plage Féraoun. D'autres préfèrent admirer ce merveilleux décor, en se reposant sur l'esplanade des ruines romaines.