Résumé de la 3e partie Après avoir, dans sa jeunesse, dilapidé une grande partie des richesses héritées de ses parents, Sindbad se résolut à sauver ce qui reste et s'embarqua sur la route des indes orientales par le golfe persique. «Hors de ce golfe, poursuit Sindbad, la mer du Levant, la même que celle des Indes, est très spacieuse : elle a d'un côté pour bornes les côtes d'Abyssinie et quatre mille cinq cents lieues de longueur jusqu'aux îles de Vakvak. Je fus d'abord incommodé de ce qu'on appelle le mal de mer ; mais, ma santé se rétablit bientôt, et depuis ce temps-là, je n'ai point été sujet à cette maladie. « Dans le cours de notre navigation, nous abordâmes à plusieurs îles et nous y vendîmes ou échangeâmes nos marchandises. Un jour que nous étions à la voile, le calme nous prit vis-à-vis d?une petite île presque à fleur d'eau, qui ressemblait à une prairie par sa verdure. Le capitaine fit plier les voiles, et permit de prendre terre aux personnes de l'équipage qui voulurent y descendre. Je fus du nombre de ceux qui y débarquèrent. Mais, dans le temps que nous nous divertissions à boire et à manger, et à nous délasser de la fatigue de la mer, l'île trembla tout à coup, et nous donna une rude secousse. On s'aperçut du tremblement de l'île dans le vaisseau, d'où l'on nous cria de nous rembarquer promptement ; que nous allions tous périr; que ce que nous prenions pour une île était le dos d'une baleine. Les plus diligents se sauvèrent dans la chaloupe, d'autres se jetèrent à la nage. Pour moi, j'étais encore sur l'île, ou plutôt sur la baleine, lorsqu'elle se plongea dans la mer, et je n'eus que le temps de me prendre à une pièce de bois qu'on avait apportée du vaisseau pour faire du feu. Cependant, le capitaine, après avoir reçu sur son bord les gens qui étaient dans la chaloupe et recueilli quelques-uns de ceux qui nageaient, voulut profiter d'un vent frais et favorable qui s'était levé; il fit hisser les voiles, et m'ôta par là l'espérance de gagner le vaisseau. «Je demeurai donc à la merci des flots, poussé tantôt d'un côté et tantôt d'un autre ; je disputai contre eux ma vie tout le reste du jour et de la nuit suivante. Je n'avais plus de force le lendemain, et je désespérais d'éviter la mort, lorsqu'une vague me jeta heureusement contre une île. Le rivage en était haut et escarpé, et j'aurais eu beaucoup de peine à y monter, si quelques racines d'arbres que la fortune semblait avoir conservées en cet endroit pour mon salut ne m'en eussent donné le moyen. Je m'étendis sur la terre, où je demeurai à demi-mort, jusqu'à ce qu'il fît grand jour et que le soleil parût. « Alors, quoique je fusse très faible à cause du travail de la mer et parce que je n'avais pris aucune nourriture depuis le jour précédent, je ne laissai pas de me traîner en cherchant des herbes bonnes à manger. J'en trouvai quelques-unes, et j'eus le bonheur de rencontrer une source d'eau excellente, qui ne contribua pas peu à me rétablir.» Scheherazade n'en dit pas davantage cette nuit. (à suivre...)