Entre le patronat et les institutions financières, la glace est brisée. Leurs relations sont empreintes du sceau de la concertation pour le plus grand bien de l?économie. Désormais, les organisations patronales seront consultées dans l'élaboration de la loi de finances. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, ne trouve aucun inconvénient à prendre en considération les propositions du patronat lors de la confection du texte de loi. «Nous leur avons demandé de nous soumettre les propositions par écrit», nous a-t-il confirmé, en marge de la rencontre d'information banques/patronat qui a eu lieu, hier, au siège de son département. Cette confirmation du premier argentier du pays conduit à dire que la loi de finances pour 2006 devra être élaborée, avec, cette fois-ci, une touche patronale. M. Yousfi, le président de la Confédération générale des économiques algériens (Cgea), de son côté, nous a précisé que ces propositions sont, d'ores et déjà, préparées et seront également présentées au gouvernement lors de la prochaine tripartite qui se tiendra, selon lui, en ce début du mois. Ainsi, ce qui était un simple souhait des opérateurs économiques est devenu maintenant une réalité. Ce qui dénote certainement un grand changement dans les rapports gouvernement/patronat donc banques/patronat, puisque le dialogue qui vient d'être engagé, aujourd'hui, est venu, selon les observateurs, à point nommé assainir, dans un cadre de concertation, un environnement financier et bancaire qui était toujours sous l'emprise des limites et contraintes structurelles, notamment dans la période 1990/2000. Notons que cette dynamique de concertation met en jeu tous les acteurs de la sphère financière et bancaire du pays, à savoir l'Association des banques (Abef), les organisations patronales, le gouvernement, par le biais de son ministre des Finances, les autorités de contrôle financier comme la Cour des comptes, et, enfin, le partenaire social, la Centrale syndicale. Il faut dire que les lenteurs administratives, les difficultés dans l'octroi des crédits par les banques aux investisseurs potentiels et la question relative au foncier industriel ont toujours été autant de facteurs handicapant le financement de l'économie et le lancement du programme des privatisations, expliquent certains cadres présents à cette réunion. Le patronat, face à cette situation, estime qu'il s'agit plutôt de clarifier les responsabilités des uns et des autres lors de l'évaluation des risques de crédits, à travers, notamment, l'établissement d'un rapport franc et direct entre l'opérateur et la banque. Cette dernière, selon le patronat, manque d'experts multidisciplinaires qui sachent évaluer techniquement les projets des demandeurs, ce qui rend pénible, selon lui, la levée d'un financement auprès du banquier. Il n'y a qu'à voir l'avertissement du ministre à l'adresse de certaines institutions financières. «Les banques, qui n'ont pas des capacités d'études pour évaluer les dossiers des clients, sont vouées à disparaître», a-t-il averti à cet égard. Toutefois, le ministre n'a pas manqué d'étaler quelques vérités, certainement sur des «indus» opérateurs qui auraient bénéficié d'assiettes foncières pour y ériger des constructions sans respect des normes d'urbanisme. «La disponibilité du foncier industriel est liée au respect des règles d'urbanisme», a-t-il conditionné. Pour ce qui concerne l'intensification des financements, des actions de soutien des autorités publiques seront mises au profit des entreprises, selon le ministre, à travers, notamment, la bonification des taux d'intérêt, l'aide managériale et l'achèvement du processus d'assainissement des banques publiques. Dans son appréciation des risques des crédits, la banque privilégie la rentabilité du projet, la qualification du promoteur et sa solvabilité, explique le ministre. Alors que la principale garantie d'un projet, indique-t-il, est sa viabilité et sa capacité à rembourser le crédit. «Tout projet présente un risque», reconnaît le ministre. Enfin, dans le cadre de ces réformes bancaires, un nouveau système de payement en masse a été présenté. Celui-ci va dynamiser toute l'économie nationale, réduire le délai de traitement des dossiers bancaires et tous les règlements s'opéreront à J+5 au maximum, explique le ministre.