Il a 43 ans et il ne se souvient pas si un jour il a pris des vacances. Zoheir B. est agent à l?APC de Bachdjrarah. Ses heures de repos, il les consacre à son seul amour : la tunique blanche et le papillon noir d?un arbitre de boxe sur un ring. «Si vous ne me trouvez pas au travail, c?est que je suis sur un ring. Pour moi, les vacances c?est cela», aime-t-il répéter en homme qui veut extérioriser ses peines et ses joies en jouant, à chaque fois que le temps le lui permet, au chat et à la souris avec les deux boxeurs auxquels il a affaire. Le fait d?avoir côtoyé le monde infernal de la boxe dès son jeune âge l?a privé, très tôt, du goût, pourtant si enviable, de la grande bleue. Mais pour cela, il ne se fait pas de bile. A proprement dit, les vacances pour ce mordu du noble art ce n?est, ni plus ni moins, que sa présence sur un ring, les cordes raides tout autour. «Si je suis sur un ring, c?est que forcément je ne suis pas à la plage et cela cause évidemment moins d?encombrements là-bas, non ?» clame notre bonhomme sur une note d?ironie. Et s?il n?est pas à l?APC, ou sur le ring, il est chez lui, en train de faire de l?ordre dans son grand placard où il n?y a pas moins de 10 000 photos des champions d?uppercuts. Le regard de lynx de Mohammed Ali, le bras sculpté de Carlos Monzon, et le visage acéré de Sonny Lyston valent pour Zoheir tout l?or du monde. Un somptueux décor dans une pièce exiguë, mais suffisamment hospitalière pour accueillir des milliers de puncheurs.