Résumé de la 5e partie n Alphonsine Plessis, qui n?est pas encore Marie Duplessis, se rend à Paris pour tenter sa chance. Elle est placée comme apprentie dans une blanchisserie. Le travail est fatigant mais, en fin d?après-midi, sa patronne lui donne quartier libre. Elle peut sortir et se promener dans les rues de Paris. La petite provinciale aux jupons crasseux est devenue très propre et même coquette. Avec l?argent que lui donne la blanchisseuse, elle s?est acheté une jolie robe et un chemisier qu?elle blanchit, amidonne constamment et repasse. Elle est très maigre, mais très jolie, avec ses beaux cheveux noirs, ses grands yeux de jais qui lui mangent le visage? Mais sa poitrine est toute menue et elle a beau tirer son corsage, elle n?arrive pas à la mettre en valeur. Alors, inutile de chercher à attirer les regards des beaux garçons de la rue des Halles, qui s?intéressent plutôt aux rondeurs des filles qui servent dans les restaurants et les cabarets. Elle désespère d?avoir un ami quand elle remarque que le jeune commis de la blanchisserie, qui livre le linge, lui sourit. Il n?a que seize ans et il est fluet comme elle, mais il semble si gentil et si plein d?attentions. «Tu veux bien sortir avec moi ? finit-il par lui demander. ? Pourquoi pas ?» Il lui donne rendez-vous le dimanche. Ils prennent l?omnibus et vont jusqu?au parc de Saint-Cloud. Ils se parlent à peine mais au parc, le garçon s?enhardit. Alphonsine ne proteste pas, mais son sang se glace quand elle entend la voix sévère de madame Barget, sa patronne. Elle est au parc, accompagnée de ses deux filles. «Effrontée !» Elle se relève, honteuse et retourne à la blanchisserie. Elle se cache presque dans le grenier qui lui sert de logis et, le lendemain matin, en descendant, elle pense que sa patronne a oublié l?incident. «Bonjour madame», dit-elle timidement. Pour toute réponse, la blanchisseuse lui montre la porte : «Tu es congédiée ! Tu ne crois pas que je vais te laisser dévergonder mes filles !» Elle est donc renvoyée. Son baluchon à la main, elle erre dans les rues de Paris, dort dans les cages d?escalier. L?argent qu?elle a mis de côté lui permet à peine de manger pendant deux jours. Elle a si faim qu?elle se résout à vendre une bague ? son seul bien ? que lui a achetée, il y a longtemps, sa cousine de Nohant qui l?a recueillie quand sa mère l?a abandonnée. C?est une petite bague en argent qui lui rapporte une toute petite somme, mais qui avait pour elle une grande valeur. Bien plus tard, quand les hommes les plus riches lui offriront les bagues les plus somptueuses, elle se rappellera, avec émotion, sa petite bague d?argent? La chance va quand même lui sourire. Un jour, alors qu?elle regarde les belles robes exposées dans la vitrine d?un magasin, un homme, qui en sort, lui demande si elle cherche du travail. «Oh oui, dit-elle. ? Alors, répond l?homme, j?en ai pour vous.» Elle sera piqueuse, comme une douzaine d?autres filles pauvres, que les magasins de confection Urbain emploient. (à suivre...)