Exode n De nombreux habitants qui ont fui la région ne se sont pas encore réinstallés. Leurs maisons abandonnées, depuis longtemps, sont inhabitables. Pour ceux qui ont choisi de retrouver leur demeure, ils affrontent au quotidien mille et une difficultés. Le chômage a atteint des proportions inquiétantes. Deux secteurs qui offraient auparavant de l?emploi, sont aujourd?hui à l?arrêt. Il s?agit du tourisme et de l?agriculture. Les jeunes sont sans emploi, sans occupation. «On n?a même pas une maison de jeunes», déplore un jeune adolescent. Son camarade évoque le cybercafé : «Pour se connecter, il faut descendre à Blida», dit-il en énumérant toutes les dépenses possibles. La revendication qui revient le plus souvent est le stade de football. Ces jeunes rêvent d?avoir un stade pour jouer et créer un semblant de vie, comme «la plupart des communes». «Le stade est important pour les jeunes, explique un adulte. C?est un endroit à la fois pour le sport et loisir». Il faut préciser, en outre, qu?aucune activité artistique n?existe ici, les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Pourtant, la demande existe, dans tous les domaines : le chant, la peinture, la sculpture et le théâtre. Même les besoins de base sont pratiquement inexistants. L?éclairage public fait défaut, l?eau est rare. «L?eau manque», révèle un adulte, qui précise : «La région est montagneuse. On peut trouver de l?eau en creusant quelques mètres», mais personne n?a le droit de le faire avec les nouvelles lois qui interdisent le forage. Conséquence : l?eau coule très rarement des robinets. «Heureusement qu?il existe des sources naturelles avec une eau claire et fraîche, sinon on mourrait de soif», ironise un sexagénaire, avant de souligner que, jadis, la région était connue pour ses fruits et légumes. «Les gens venaient ici, pour se reposer, mais aussi pour faire leurs achats. Car nos fruits étaient frais et bon marché. Maintenant, on dépend de quelques camionnettes, qui viennent nous vendre des fruits de mauvaise qualité et à des prix exorbitants». Les dépôts de détritus grossissent à vue d??il et menacent l?hygiène des lieux. «On ne va tout de même pas ramasser les déchets des visiteurs», dira un homme. La liste de ce qui manque est longue. Manque de parking, de poubelles publiques et des boutiques pour l?artisanat. Il faut toute une infrastructure pour donner un statut de station touristique à Chréa, notamment le téléphérique à l?abandon depuis des années. Pourtant, selon les habitants, il y avait un projet évalué, en 1996, à 17 milliards pour rétablir cet important outil touristique. Les habitants de Chréa souhaitent vivement la relance de ce projet.