Décès n Mardi, a été accompagné à sa dernière demeure, le cheikh Abdelkader Toumi qui s'est éteint dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 99 ans. Même si lui ne s'est jamais déclaré maître, cheikh Toumi est, en réalité, le dernier grand maître de la musique constantinoise qui s'en est allé dans la discrétion et la modestie, comme il avait toujours vécu. «C'est le dépositaire de la mémoire de la musique de Constantine qui s'en va», déclare avec regret Abdelmadjid Merdaci, universitaire, auteur d'un ouvrage de référence, Dictionnaire des musiques constantinoises. Abdelkader Toumi est né le 18 novembre 1906, à Constantine. Fils d'un artisan cordonnier, très jeune, il est élève d'une école coranique, puis fréquente l'école Jules-Ferry, dans le quartier de Sidi Djellis. Lui qui rêvait d'aller étudier à la Zitouna (Tunisie), il est obligé d'interrompre sa scolarité, en raison des conditions sociales difficiles de ses parents, et se retrouve placé comme apprenti. Son destin va se décider lorsqu'il rejoint la confrérie des Hansala où il fait une rencontre particulièrement importante : celle de Si Ahmed Bestandji, le grand maître de la musique constantinoise pour lequel il gardera toute sa vie la plus grande considération. Celle aussi d'autres maîtres comme Si H'souna Ali Khoudja. Par la suite, cheikh Toumi est récitant du Coran à la fameuse mosquée Sidi Lakhdar, là où enseignait le cheikh Abdelhamid Ben Badis, avant de se consacrer, à la fin des années 1920, totalement à la musique. En 1934, se tient au Maroc le congrès de la musique arabe. Le jeune Toumi (il a alors 28 ans) a la chance de participer à ce congrès aux côtés des grands maîtres que sont Si Tahar Benkartoussa, Si Ahmed Bestandji, Si Tahar Benmerabet. C'est là que Abdelkader Toumi devient véritablement et pour toujours un musicien, rencontrant par la suite tous les grands maîtres de la musique constantinoise, tels Karabaghli, Zouaoui Fergani, Maamar Berrachi et autres avec lesquels il va travailler et auxquels il sera lié par une longue amitié. Vers la fin des années 1940, il commence à enseigner la musique et il est alors sollicité par quasiment tous les jeunes chanteurs ou musiciens constantinois, comme les Fergani, Larbi Ghazal, Branmki, auxquels il transmet ses connaissances, dans les associations qu'il anime, comme les Mille et une Nuits (vers 1947-1949), l'Avenir Constantinois, Mouhibi El Fen, et autres.