Insuffisance n Le manque d?équipement, telles les couveuses et les tables chauffantes, conjugué à une formation pratique du corps paramédical et médical insuffisante, aboutit à des décès de bébés. La plupart des structures sanitaires ne sont pas équipées de couveuses, outil indispensable à la survie d?un prématuré, et celles existantes ne sont pas toutes fonctionnelles, ce qui constitue un véritable problème de santé publique. Cette situation a, malheureusement, généré beaucoup de pertes humaines. Les chiffres sont éloquents sur ce phénomène qui est même reconnu par les pouvoirs publics. «La mortalité maternelle et périnatale enregistrée pèse lourdement sur notre population (?) Avec ses 30 000 décès répertoriés chaque année, elle occupe la première place devant les autres causes de décès tels le cancer ou les accidents de la circulation», lit-on dans l?introduction du programme triennal 2005-2008, publié par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Parmi les causes de ces décès, outre le manque de couveuses, une formation paramédicale insuffisante sur le plan pratique et une formation médicale médiocre dans le cursus des études en graduation et en post-graduation. A tout cela s?ajoute un déficit de matériel qui contribue à rendre la prise en charge moins efficace à l?échelle nationale. Des bébés prématurés décèdent faute de couveuses. La plupart des hôpitaux affichent complet, lorsqu?on les sollicite pour ce type de prise en charge. La réponse «on manque de couveuses, il faut chercher ailleurs» est souvent avancée. Pourtant, un prématuré ne peut survivre au-delà de 24 heures sans couveuse, explique un médecin. «Souvent lorsqu?on est confronté à une telle situation, on installe le bébé dans une table chauffante, sollicitant l?aide de collègues d?autres hôpitaux», témoigne une jeune médecin. Devant cet état de fait, des médecins dégagent leur responsabilité et mettent la famille du bébé devant un dilemme : «Si vous voulez que le bébé survive, il faut lui trouver vous-mêmes une couveuse» ! Alors, c?est la course contre la montre. Toute la famille se mobilise pour trouver l?objet rare. Des interventions sont nécessaires dans pareille situation. Mais ce n?est pas tout le monde qui a cette possibilité, et parfois même les interventions les plus influentes ne peuvent rien changer. Car effectivement, il existe peu de couveuses dans les hôpitaux, et celles qui existent sont occupées. Selon une source, une centaine de couveuses existent et la plupart ne fonctionnent pas correctement par manque de maintenance, alors que la demande s?élève parfois à cent bébés par jour. Et chaque bébé occupe la même couveuse parfois jusqu'à trois mois. À ce manque flagrant de couveuses, s?ajoute l?anarchie dans les hôpitaux qui fait perdre beaucoup de temps pour une hospitalisation d?urgence. Les salles d?urgence ne sont pas équipées d?outil informatique, aucun réseau intranet n?existe. Un état de fait qui crée des situations parfois éprouvantes comme celle vécue par un citoyen rencontré Au CHU Mustapha. «Je cherche mon bébé, dira-t-il, il était hospitalisé à l?hôpital de Belfort, puis ils l?ont transféré ici à Mustapha. Or, je n?arrive pas à trouver sa trace». Il a évidemment fini par le trouver, mais l?épreuve a été pénible. La situation est encore plus dramatique dans les zones rurales, où les prématurés n?ont aucune chance de survivre, sauf miracle. Il n?y a pas que les hôpitaux qui ne sont pas équipés de couveuses. Les ambulances aussi.