Vocation n Le service néonatal, du CHU Mustapha, le seul au niveau national, accueille des prématurés, dont la vie est en danger. A l?intérieur, quatre unités forment un tout homogène, sous la conduite du professeur en pédiatrie - néonatologie, Djamil Leban. Le service compte au total 35 places : 6 places en réanimation, 1 en soins intensifs, 24 en soins intermédiaires et 4 à l?unité kangourou. Y sont accueillis des prématurés, et les nouveau-nés à terme malades en besoin de couveuses qui remplaceraient, ainsi, l?antre maternel, le temps qu?ils se stabilisent. À défaut, c?est la mort pour ces bébés qui mesurent à peine 20 centimètres et pèsent en moyenne entre 1 100 et 1 500 grammes. A l?entrée à droite, se trouve l?unité des soins intermédiaires où des bébés sont allongés dans des couveuses. Maintenus dans une bulle en verre, ils livrent leur première bataille pour la vie. D?autres moins chanceux, l?ont perdue, faute de places. Les infirmières sont au chevet des nouveau-nés, elles changent les pansements et exécutent les directives médicales, veillant à l?hygiène. Combien de bébés survivent à cette aventure ? Le taux de mortalité s?élève à 12 %, précise le professeur en soulignant la particularité de cet établissement : «On alterne les méthodes modernes de réanimation et l?élevage naturel.» «En tout cas, on prodigue une bonne qualité de soins aux bébés», assure-t-il. Près de 1 600 admissions ont été effectuées en 2004. Or, la structure ne pouvait en admettre plus de 800. Une évolution par rapport à l?année 1998 lorsque les admissions ne dépassaient pas les 508. Cette évolution est due à l?ingéniosité du professeur et de ses subordonnés, qui ont réparé des couveuses défectueuses. Cependant, les moyens demeurent nettement insuffisants par rapport à la demande. «On ne pouvait prendre en charge toutes les demandes d?admission. On est limité par les moyens», explique le professeur. Dans l?unité des soins intensifs, des bébés sont à deux, voire à trois dans une même table chauffante, susceptible d?en accueillir qu?un seul. «On préfère placer plusieurs bébés sur la même table que refuser cette prise en charge, car un bébé auquel on refuse les soins est un bébé mort», explique-t-il, en précisant : «Pour ce qui est des risques d?infections, on veille au grain.» Les soins sont effectués en permanence, dira le professeur, qui rend un hommage au personnel paramédical de son service le qualifiant de «cheville ouvrière». Dans l?unité de réanimation une infirmière rase un bébé qui pleure en gesticulant. Sans aucun doute cela lui fait-il mal. Alors qu?il fait l?objet des premières morsures de sa vie, le bébé résiste. Il se débat. L?infirmière impassible, continue sa besogne. Ses mains travaillent machinalement, rapides et précises, son visage est sans expression. Elle ne tient pas compte des pleurs du bébé. Est-elle à ce point insensible ? Elle termine son rasage et place un mini-tuyau pour commencer l?injection du médicament. Durant toute l?opération qui a duré 2 minutes, le bébé a dû souffrir, mais l?infirmière consciente du fait, sait que le plus important est qu?elle accomplisse son travail. Que représentent quelques cris et quelques larmes quand il s?agit de sauver une vie ?