Résumé de la 45e partie n Ayant pu échapper aux éléphants qui ne voulaient, en fait, que lui donner une leçon, Sindbad s'en retourna auprès du marchand qui lui demanda de lui raconter son aventure. Et Sindbad dit : «Je satisfis sa curiosité et le lendemain, étant allés tous deux à la colline, il reconnut avec une extrême joie la vérité de ce que je lui avais dit. Nous chargeâmes l'éléphant sur lequel nous étions venus de tout ce qu'il pouvait porter de dents, et lorsque nous fûmes de retour : "Mon frère, me dit-il, car je ne veux plus vous traiter en esclave, après le plaisir que vous venez de me faire par une découverte qui va m'enrichir, que Dieu vous comble de toutes sortes de biens et de prospérité. Je déclare devant lui que je vous donne la liberté. Je vous avais dissimulé ce que vous allez entendre. Les éléphants de notre forêt nous font périr chaque année une infinité d'esclaves que nous envoyons chercher de l'ivoire. Quels que soient les conseils que nous leur donnons, ils perdent tôt ou tard la vie par les ruses de ces animaux. Dieu vous a délivré de leur furie et n'a fait cette grâce qu'à vous seul. C'est une marque qu'il vous chérit et qu'il a besoin de vous dans le monde pour le bien que vous y devez faire. Vous me procurez un avantage incroyable : nous n'avons pu avoir d'ivoire jusqu'à présent qu'en exposant la vie de nos esclaves ; et voilà toute notre ville enrichie par votre moyen. Ne croyez pas que je prétende vous avoir assez récompensé par la liberté que vous venez de recevoir ; je veux ajouter à ce don des biens considérables. Je pourrais engager toute la ville à faire votre fortune ; mais c'est une gloire que je veux avoir moi seul." «A ce discours obligeant, je répondis : "Patron, Dieu vous conserve ! La liberté que vous m'accordez suffit pour vous acquitter envers moi ; et, pour toute récompense du service que j'ai eu le bonheur de vous rendre à vous et à votre ville, je ne vous demande que la permission de retourner en mon pays. ?Eh bien ! répliqua-t-il, le moçon nous amènera bientôt des navires qui viendront charger de l'ivoire. Je vous renverrai alors, et vous donnerai de quoi vous conduire chez vous." «Je le remerciai de nouveau de la liberté qu'il venait de me donner et des bonnes intentions qu'il avait pour moi. Je demeurai chez lui en attendant le moçon et pendant ce temps-là, nous fîmes tant de voyages à la colline que nous remplîmes ses magasins d'ivoire. Tous les marchands de la ville qui en négociaient firent la même chose, car cela ne leur fut pas longtemps caché.» (à suivre...)