Un constat est fait, depuis quelques jours, du manque de manuels scolaires. Des enseignants signifient à leurs élèves qu?ils doivent s?approvisionner ailleurs, leurs établissements n?étant pas suffisamment pourvus. Perdus, écoliers et parents ne savent pas où s?adresser. C?est dire que les enseignants ne savent plus quoi faire, de nombreux élèves sont perdus, car depuis quelques jours certains professeurs remboursent leurs élèves en leur signifiant qu?il n?y a plus de manuels auprès de leur établissement et qu?il faudrait essayer de les acquérir ailleurs. Mais où ? «Mon fils, en sixième année primaire, n?a pu acheter les livres d?histoire, d?éducation civique et de mathématique (tome 2) de l?école, les stocks étant épuisés, selon son enseignante. Dans les librairies, ils sont introuvables, j?ai dû me rabattre sur les vendeurs à la sauvette où j?ai eu de la chance d?en trouver», confie une mère de famille. Les élèves du primaire ne sont pas les seuls concernés par cette «pénurie», les classes de seconde vivent la même situation, le fameux manuel de la réforme ? le livre de physique ? est inexistant. «Il a été édité et retiré deux fois du marché, car il comportait des fautes scientifiques énormes et nombreuses. Il va être recorrigé et redistribué, mais quand sera-t-il disponible ?, nous n?en savons rien. Le livre de français pour la même année est une catastrophe, les pages sont décollées, elles ne tiennent pas et les élèves sont en colère», confie le directeur d?un lycée à Alger tout en ajoutant que cette année, chaque établissement scolaire a eu droit à un quota de dix livres pour chaque classe, ce qui est insuffisant d?autant plus que ces manuels ne sont pas vendus en librairie. «Tous les livres de 2e et 3e AS sont introuvables ! Les enseignants sont pénalisés, ils n?ont même pas entamé le programme. Avec quoi le faire ! Ils ne savent plus où donner de la tête ! Mais que se passe-t-il ? Ce n?est pas normal !», s?indigne un autre directeur qui avoue affronter une véritable crise du livre, puisque cette année, la tâche de production n?a pas été confiée à l?Office national des publications scolaires (Onps). A Alger, l?annexe de l?Onps, sise à la rue Abane-Ramdane, qui habituellement se charge de la vente des manuels scolaires, est fermée. Le grand local est en travaux. Sur les murs, aucune affiche ou pancarte orientant les parents perdus. Même chez les vendeurs de livres d?occasion, les manuels scolaires «usés» sont introuvables. «Les stocks que j?avais réservés sont épuisés. Un autre stock ? Je ne sais pas si je pourrais en avoir», déclare un libraire de la rue Didouche-Mourad. Il n?est pas le seul. De nombreux libraires affirment la même chose. Et de s?interroger : à quoi sont dues ses insuffisances ? A une désorganisation ? A une mauvaise distribution ? Pour le moment, les seuls commerçants du livre scolaire sont les «vendeurs à la sauvette» qui proposent des bouquins usés et déchirés, parfois neufs, quelquefois sans couverture. C?est mieux que rien ! l A Alger, un jeune vendeur propose des livres scolaires neufs sur les trottoirs. Le prix est le même que celui des établissements. Comment des livres inexistants dans les écoles peuvent-ils être vendus dans la rue ? «C?est un cousin, qui me les a remis. Je les vends pour me faire un peu d?argent», indique un jeune en kamis.