Vétusté n Nos hôpitaux sont de vieilles structures datant de l?époque coloniale et ne pouvant pas contenir le trop grand nombre de malades. Leurs capacités sont très largement dépassées. Les salles d?opérations sont dépourvues de moyens et l?effectif des spécialistes est de plus en plus réduit, beaucoup ayant préféré rejoindre le secteur privé pour des raisons pécuniaires que l'on peut aisément comprendre. Lors de sa visite, dernièrement, au CHU Mustapha, le ministre de la Santé a constaté que le taux d?occupation des lits au niveau du service de gynécologie est de 147 % ! Alors que dans les autres services il n?atteint pas les 36 %. Les patients que nous avons interrogés sur ce phénomène l?expliquent justement par ce qu?ils appellent le «syndrome de l?hôpital». «Les femmes enceintes ont des préjugés, selon lesquels, chez le privé, les médecins recourent systématiquement à la césarienne pour gagner du temps et de l?espace, en revanche, à l?hôpital les sages-femmes sont plus expérimentées et l?accouchement se fait souvent par voie basse», explique une jeune femme de 36 ans venue accoucher pour la deuxième fois au service maternité. En revanche, selon les malades, le faible taux d?occupation dans les autres services s?explique justement par leur transfert dans des cliniques privées. «Pour les Algériens, la santé est un trésor, ils ne veulent pas jouer avec. Allez dans les cliniques privées et vous constaterez qu?elles sont pleines, mais la question qui se pose est de savoir s?ils sont orientés volontairement par les hôpitaux, où s?ils ont préféré s?y rendre de leur propre gré ?», s?interroge un malade à l?hôpital Mustapha. Mais ce n?est pas seulement le cas de ce CHU. Le transfert des malades se pratique un peu partout dans les hôpitaux du pays. A Tizi Ouzou, le ministre de la Santé, lors de sa visite dans les établissements sanitaires de la wilaya, a énergiquement dénoncé cette pratique la jugeant abusive et non justifiée. Mais il faut noter qu?aucun texte juridique clair ne gère cette situation et le malade continue de payer le prix fort tout en étant une victime de ce vide juridique. Un spécialiste est allé jusqu'à comparer les cliniques privées aux écoles privées. «Si l?Etat continue à faire dans le bricolage et ne crée pas des lois qui réglementent ce type d?établissements, l?anarchie va continuer et la prise en charge des malades, qui est une priorité constitutionnelle, ne va jamais s?améliorer.»