Le citoyen appréhende les contraintes dues à la bureaucratie et aux services moribonds des hôpitaux. La visite du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière Saïd Barkat à Tizi Ouzou a été l'occasion pour mettre en avant beaucoup de failles dans la gestion du secteur de la santé et de sa réforme dans la wilaya. Malgré les chiffres et les promesses de lendemains meilleurs, la réalité demeure amère. Le citoyen en général et le malade en particulier appréhendent les contraintes dues à la bureaucratie et aux services moribonds des hôpitaux et des polycliniques. Selon les données recueillies au niveau de l'hôpital psychiatrique de Oued Arssi qui coiffe quatre wilayas du centre, cet établissement assure toutes les prestations attendues de lui. Cependant, selon les citoyens qui ont eu à faire admettre un malade, les choses ne semblent pas aussi aisées. En effet, c'est un vrai casse-tête que de faire admettre un patient, pour soins, sans atteindre de l'avis de beaucoup le stade de l'agressivité avérée. Ce n'est, alors, pas la qualité du personnel qui est remise en cause mais c'est bien une affaire de gestion administrative et de capacité d'accueil. Les 330 lits ne cadrent vraisemblablement pas avec la réalité des maladies mentales dans les wilayas de Bouira, Béjaïa, Boumerdès et Tizi Ouzou. Au niveau du CHU Nedir de la ville de Tizi Ouzou, c'est le service des urgences qui a montré ses limites. Selon le directeur de cet établissement, 98% des cas qui arrivent au bloc des urgences ne nécessitent pas des interventions. C'est pourquoi, il a été installé à l'entrée un bureau de tri. Mais, si la solution est toute trouvée dans le CHU, il n'en demeure que ce fait révèle une autre faille dans le secteur de la santé de la wilaya de Tizi Ouzou. Au lieu d'aller dans les 268 salles de soins et les 57 polycliniques parsemées dans les zones rurales, les citoyens préfèrent se diriger directement dans le plus grand établissement de la wilaya. Tout d'abord, même si les chiffres officiels font état d'une moyenne d'un médecin pour 1500 habitants, il convient de signaler qu'il faut relativiser cette donne. Les 843 médecins ne travaillent pas en continu et ils ne travaillent pas tous en même temps. Ce n'est donc pas un médecin qui est à la disposition des 1500 habitants mais, bien moins. Puis, si les malades préfèrent se diriger directement au CHU, c'est aussi à cause des failles avérées au niveau des salles de soins et des polycliniques. L'incapacité de ces dernières à satisfaire les citoyens en médecins et en qualité du service a, avec le temps, causé un flagrant manque de confiance. Pendant une évacuation d'urgence, les familles des malades craignent généralement l'absence de médecins de garde et de médicaments d'urgence car c'est là une pratique qui a la peau dure et qui demeure répandue. Le ministre avertira, à cet effet, lors de sa visite sur ces pratiques en affirmant que l'Etat ne tolérera plus que l'on dise au malade qu'il n'y a pas de médecin de garde. Au niveau de la clinique d'accouchement Sbihi Tassadit, les responsables ont présenté au commis de l'Etat les différentes réformes engagées par la nouvelle direction. Il est constatable de visu les améliorations induites par la gestion actuelle sauf que de l'autre côté, les femmes enceintes et leurs familles subissent beaucoup de pratiques qui résistent encore. II est, en effet, inconcevable qu'une clinique appelée à pratiquer des opérations chirurgicales d'urgence comme les césariennes demande encore aux malades d'aller acheter un médicament anesthésique. Certains citoyens qui ont refusé de se soumettre à ces pratiques ont vu leurs patients être opérés, preuve que le médicament existe dans la clinique. Mais d'autres s'interrogent encore sur les origines et les objectifs de ces manques et pourquoi, ce remède précieux ne se trouve que dans trois où quatre pharmacies. Enfin, quand le ministre affirmait lors de sa visite qu'il fallait trouver des paramédicaux de haut niveau, il touchait du doigt les pratiques néfastes et qui font légende parmi les femmes, de bon nombre d'accoucheuses. C'est un phénomène très connu chez les femmes qui sont passées par ces cliniques que certaines sages-femmes les insultent et vont même jusqu'à les battre. Par ailleurs, le recours aux médecins privés ne semble pas être capable de remplacer le secteur public. Les 227 cabinets de médecins généralistes ainsi que les 212 cabinets de différents spécialistes à force de renvoyer les patients vers des services de radiologie et des hôpitaux publics, ont fait que les citoyens n'y voient pas un véritable recours. D'autre part, les cliniques privées qui pratiquent d'un côté, des prix vertigineux et d'un autre font recours à des conventions avec des médecins du secteur public finissent généralement par être fuies par les citoyens qui n'ont généralement pas les moyens. Ainsi, il s'avère que les réformes engagées dans le secteur de la santé n'en sont encore qu'à leur début et que beaucoup reste â faire.