Des milliers de jeunes Algériens sont au chômage alors que les entreprises du bâtiment connaissent une pénurie de main-d'?uvre au point qu?elles n'excluent pas le recours à des ouvriers étrangers. Pourtant, on ne peut pas dire que les métiers du bâtiment soient mal payés. Alors? Alors que des centaines de milliers de jeunes se plaignent du chômage, de nombreuses entreprises du secteur du bâtiment crient, à qui veut les entendre, qu?elles trouvent toutes les peines du monde à trouver la main-d??uvre dont elles ont besoin. La situation est telle que certains entrepreneurs se trouvent parfois dans l?obligation d?arrêter momentanément les travaux sur les chantiers, faute d?ouvriers qualifiés. D?où les retards enregistrés dans la réalisation des projets lancés ici et là. Le problème se posera avec beaucoup plus d?acuité dans les tout prochains mois avec le lancement du programme de 1 million de logements. Sachant que la réalisation d?un seul logement nécessite la mobilisation de quelque 2,5 employés selon les normes internationales, il faudra procéder au recrutement d?au moins 2 millions d?ouvriers dans les 5 années à venir pour concrétiser le programme du président de la République. Ce qui ne sera pas une mince affaire sachant que les métiers du bâtiment n?attirent plus personne de nos jours, surtout pas les jeunes. «C?est un véritable problème», reconnaît Hassen Saïd, chargé de communication au ministère de l?Habitat et de l?Urbanisme. «Mais des mesures ont déjà été prises et d?autres le seront incessamment pour le régler. De toutes les manières, ce n?est pas cela qui va nous empêcher de réaliser le programme de 1 million de logements d?ici à 2009», ajoute-t-il. Une chose est sûre en tout cas : il faudra faire preuve de beaucoup d?ingéniosité pour convaincre des jeunes, qui ne rêvent que de devenir businessmen ou chefs d?entreprise, d?embrasser une carrière de maçon, de ferrailleur ou de plâtrier. Même l?argument pécuniaire ne les fait pas «flancher». Et pour cause : les chômeurs, du moins la plupart, savent qu?un carreleur peut gagner jusqu?à 4 000 DA par jour, qu?un maçon touche en moyenne 40 000 DA par mois et qu?un coffreur est payé 1 200 DA/jour. Pour autant, peu d?entre eux sont tentés par ces métiers «sales, pénibles et peu valorisants». C?est dire combien il est difficile de changer les mentalités. C?est ce «chantier» qu?il faudra pourtant entamer le plus tôt possible?