Raisons n Le poids de la société et les conditions de travail des maçons et autres ouvriers sont autant de facteurs qui peuvent expliquer le peu d?engouement pour ces métiers. Mais pourquoi, donc, les métiers du bâtiment peinent-ils à intéresser les jeunes ? Ces derniers, du moins beaucoup d'entre eux, préfèrent le chômage plutôt que de travailler comme maçon, man?uvre ou coffreur. «Très franchement, pour tout l?or du monde, je ne serai pas maçon. Je sais que je pourrais gagner beaucoup d?argent grâce à ce métier, mais en contrepartie, je perdrai ma santé. Vous n'êtes pas sans savoir que la plupart des maçons tombent malades quand ils prennent de l?âge en raison de leur contact permanent avec le ciment et la poussière», dira à ce propos Sid Ali, 26 ans, vendeur à la sauvette près du marché Bouzrina à Alger. «J?ai chômé plusieurs années, mais jamais l?idée de faire de la maçonnerie ne m?a effleuré l?esprit. Entre nous, mon frère, ce métier est dégradant. Personnellement, j?aurai toujours honte de dire à quelqu?un que je suis maçon surtout que j?habite dans un quartier où le dernier des habitants est agent de bureau», ajoute-t-il. Cette vision, Mme Hadjidj, sociologue au Cread de Bouzaréah, l?explique par l?influence de la société. «C?est la société qui valorise et dévalorise les métiers. En général, les métiers qu?elle valorise sont ceux grâce auxquels on peut gagner beaucoup d?argent sans avoir à fournir beaucoup d?efforts», relève-t-elle sans omettre de souligner que c?est au lendemain de l?Indépendance, «alors que l?analphabétisme touchait pratiquement tous les Algériens, que les métiers d?enseignant, d?ingénieur, de médecin ont été valorisés, alors que les manuels ont été dévalorisés». «On ne peut régir la société avec des décrets», ajoute-t-elle comme pour rappeler que pour changer la vision qu?ont les jeunes des métiers du bâtiment, il ne faut pas se contenter de lois et d?arrêtés. Pour sa part, Abdelhamid Boudaoud, président du Collège des experts architectes pense que la mauvaise réputation qui colle aux métiers du bâtiment a pour source la famille, «obnubilée qu?elle est par les diplômes supérieurs». Selon lui, la revalorisation de ces métiers passe inévitablement par l?explication aux jeunes qu?être maçon, coffreur ou plâtrier «n?a rien de dégradant». Outre le poids de la société, il faut dire aussi que les conditions difficiles dans lesquelles travaillent les maçons et autres ouvriers ne sont pas faites pour encourager les jeunes à opter pour ces métiers. Cela d?autant que beaucoup d?entrepreneurs n?assurent même pas leurs employés contre les divers risques auxquels ils sont exposés.