Ponctuée par une série de grèves et sit-in devant le ministère de l?Education nationale, l?année scolaire écoulée n?a pas été de tout repos pour les lycéens et leurs professeurs, c?est surtout la Coordination des lycées d?Alger (CLA), initiatrice du mouvement de protestation, qui a fait beaucoup parler d?elle cette année-là, même si vers la fin, la Coordination autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest) avait rejoint un mouvement qui sera stoppé net par un acteur inattendu : le séisme du 21 mai. En elle-même, la protesta pourrait être qualifiée d?inédite. N?étant pas agréée, la CLA n?est pas reconnue par la tutelle et les grèves qu?elle a initiées sont décrétées illégales. Du reste des retenues sur salaires seront opérées. Le mouvement, enclenché autour de la valorisation du salaire à 100 %, démarre en février. Des grèves de trois jours seront observées chaque semaine au niveau des lycées de la capitale qui compte 112 établissements. Le point culminant sera atteint lorsque, à l?approche du bac, la CLA appelle à un débrayage «non-stop» du 17 mai au 5 juin. Les lycées de la capitale sont paralysés, les lycéens qui se préparaient à passer le bac blanc sont désorientés, mais beaucoup d?entre eux rejoignent, par solidarité, les rassemblements de leurs professeurs. La réaction de la tutelle ne se fait pas attendre. Le ministre de l?Education, Boubakeur Benbouzid, après avoir reçu «les syndicats agréés», affiliés à l?Ugta, et les Associations de parents d?élèves, lance un ultimatum à l?adresse des grévistes à savoir que s?ils ne rejoignent pas les classes dans les 48 heures, ils seront radiés de l?effectif du corps enseignant. Contre toute attente, la mesure dope plus qu?elle ne décourage les grévistes qui maintiennent leur sit-in quotidien devant le MEN. La Cnapest, organisation syndicale rivale et agréée, tient une conférence de presse dans laquelle, elle apporte son soutien à la CLA. Elle appelle à trois jours de grève nationale (du 25 au 27 mai), réclame le départ de Boubakeur Benbouzid et menace de compromettre le bac. C?était l?après-midi du 21 mai. Selon la CLA, une heure avant la survenue du séisme, Boubakeur Benbouzid reçoit ses représentants auxquels il fait part de sa volonté d?ouvrir un dialogue en vue de trouver les solutions à l?ensemble des problèmes soulevés par les enseignants. Le lendemain la région algéroise se réveille après une nuit de cauchemar, ébranlée par un violent séisme. La CLA et la Cnapest sursoient à leur mouvement de grève. Ironie du sort, le bac est ajourné au niveau d?Alger, mais pour cause de catastrophe naturelle.