Si le prénom a souvent une fonction laudative, mettant en avant des vertus et des qualités que l?on veut voir apparaître chez celui ou celle qui le porte, il a aussi la fonction de porter chance, d?augurer d?une vie longue et heureuse. Une autre série de prénoms a une fonction préservatrice : le nom devient une sorte de bouclier destiné à repousser la malchance, la maladie ou la mort. Plutôt que d?être agréable, il est déplaisant, de manière à détourner le malheur, voire à le tromper. Ici, le mal est personnifié et on veut lui faire croire que la personne que l?on veut protéger n?est pas digne d?intérêt, parce que laide ou de basse extraction, et qu?il doit aller vers d?autres personnes plus nobles et donc plus dignes de lui. C?est le nom trompe-la-mort, que l?on retrouve aussi dans beaucoup d?autres pays. A titre d?exemple, les Arabes donnaient de nombreux prénoms déplaisants et certains étaient si laids que le Prophète Mohammed en était venu à les interdire. C?est le cas de ?Assi, littéralement «désobéissant, rebelle», qui a été remplacé par son contraire, Mu?ti?e (obéissant, soumis). Mais certains de ces prénoms déplaisants sont restés et nous sont parvenus. C?est le cas, déjà cité, de Khadidja, qui signifie «avorton de chameau», que l?on retrouve sous cette forme dans l?onomastique algérienne et sous d?autres formes : Khlidja, Khedoudja, Doudja, etc.