Au Maghreb, aussi, t'ira a le sens de «mauvais présage», mais fa'l s'applique aussi bien aux bons qu'aux mauvais présages. C'est une habitude des Algériens et, d'une façon générale, des Maghrébins et sans doute d'autres peuples, de tirer à partir des noms qu'on entend, des présages. C'est le fa'l onomastique qui consiste à déduire un pronostic, à partir du sens du nom ou de ce qu'il évoque. Ainsi, le prénom Rabah (littéralement : gagnant), entendu en rêve, annonce un gain, Kaci (littéralement : cruel), une déception, le mot or, en arabe dhahab, un départ, également (dhahab), le mot luth (‘ud) peut signifier le retour de l'absent (‘awd), etc. C'est l'onomastique algérienne et maghrébine, le choix d'un prénom est souvent déterminé par le présage. Avec ce genre de prénoms, il s'agit, avant tout, de porter bonheur, voire de chercher à influencer le destin, en «traçant» l'avenir de l'enfant : il sera heureux comme l'indique son nom, il vivra longtemps, il sera riche, il réussira dans toutes ses entreprises, etc. Les prénoms de bon augure sont, pour la plupart, fournis par l'arabe. Si certains prénoms existent réellement chez les Arabes d'Orient d'autres sont inventés. Une racine, à elle seule, peut fournir jusqu'à dix noms et parfois plus. C'est le cas de racine S'D, qui comporte l'idée de bonheur. Ainsi, on a, Saïd, au propre ‘'heureux, fortuné'', Sa ' d, de sa'd, «bonheur, fortune» et son diminutif, Sa'dawi, Sa'di, «qui a de la chance» et, comme prénoms féminins Sa'ida Sa'diya, Tasa'dit, etc. Un prénom oriental, d'introduction récente, Su'ad, est la forme pluriel de sa'ad «bonheur, bon augure».