Histoire n Lamaânsir n'Chikh est un nom qui évoque le massacre commis par le colonisateur français contre les moudjahidine de la région. Quatre maquisards ont été fusillés par l'armée française. L'hadj Ali se souvient encore de la tragédie. Au seuil de sa porte, il se remémore l'effroyable événement : «C'était pendant l'opération Jumelle, le hameau a été encerclé. 21 personnes, dont moi, ont été arrêtées et prises en otages pour dissuader les moudjahidine de tenter une action. Nous étions isolés à Taâssast. Celui que les Français trouvaient dehors était automatiquement abattu. Les moudjahidine tentèrent de briser l'encerclement du village. Un accrochage a eu lieu entre les deux parties. 5 moudjahidine ont été capturés, on les mena à Lamaânsir n'Chikh. Il y avait, entre autres, Mohamed Oukaci Takor, Arezki Takor (son frère), Hamiou Rabah Gacet, un jeune maquisard qui a réussi à s'enfuir mais qui a été capturé de nouveau, et d'autres dont je ne me rappelle pas les noms? Alignés sous le soleil, ils avaient soif, ils demandèrent de l'eau que leur ramena un harki. Arezki Takor refusa de boire préférant mourir de soif en disant ?je ne bois pas de la main d'un harki?, ultime résistance d'un moudjahid. Ils furent froidement fusillés.» Notre interlocuteur précise que Mohamed Oukaci Takor n'a pas été fusillé avec le groupe, il sera gardé quelque temps et subira la plus inhumaine des tortures. «Ses tortionnaires recoupérèrent des bouts de sa chair et la lui firent manger après avoir mis du sel sur ses blessures.» Takor résista et ne donna aucun renseignement. Il sera liquidé quelques jours plus tard. Aujourd'hui à Lamaânsir n'Chikh, rien ne rappelle au visiteur cette page douloureuse de la Guerre de libération nationale. Le lieu de la fusillade appartient à un privé. «Il n'y a aucun monument. Il faut rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour que l'Algérie soit libérée du colonialisme», déplore l'hadj Ali, un témoin des atrocités commises par le colonialisme, frère d'un chahid et qui a beaucoup de choses à raconter.