L'ex-ministre des Moudjahidine, Abdelhafid Amokrane, considère les récentes déclarations de l'ambassadeur français en Algérie comme étant une reconnaissance officielle par les autorités françaises des crimes commis lors des manifestations de1945. «C'est la première fois qu'un officiel français a usé du mot «massacres» au lieu d'«incidents» en évoquant ce qui s'est passé lors de cette date», a déclaré M. Amokrane, hier, lors d'une conférence portant sur les massacres du 8 mai 1945. La conférence, qui s'est tenue à la salle de cinéma Algeria à Alger, a été organisée par l'APC d'Alger-Centre conjointement avec le Musée d'Alger et la Fondation du 8-Mai- 1945. Le conférencier a saisi l'occasion pour rappeler à l'assistance, composée d'élèves, d'étudiants, d'enseignants ainsi que de la famille révolutionnaire, les événements sanglants qui ont coûté la vie à pas moins de 45 000 Algériennes et Algériens. «Il est grand temps de rétablir la mémoire collective de notre peuple», a-t-il estimé. D'après lui, la classe intellectuelle doit réécrire l'histoire en se basant non seulement sur les archives des ex-autorités coloniales mais aussi sur les témoignages des moudjahidine qui ont vécu la tragédie. Il est aussi, question, poursuit-il, de consulter les archives qui se trouvent dans d'autres pays comme l'Angleterre, la Tchécoslovaquie et la Russie. Pour leur part, les historiens ayant participé à la conférence, en l'occurrence, MM. Ameur Rekhila et Kamel Boukessa, ont expliqué à l'assistance les différents crimes perpétrés par l'armée française non seulement dans les trois régions historiques, à savoir Guelma, Sétif et Kherrata, mais aussi à travers d'autres villes du pays. «Les manifestations pacifiques des populations étaient presque dans l'ensemble des régions du pays, comme cela a été le cas à Bel Abbes, Tigzirt, Naciria, Melbou, Constantine », diront-ils. D'après les conférenciers, la réaction du colonisateur était aussi brutale, voire pire dans les autres régions du pays, d'où la nécessité de restituer l'histoire et de préserver la mémoire collective du peuple algérien.Par ailleurs, les organisateurs ont saisi cette occasion pour honorer quelques moudjahidine qui ont vécu l'horreur et le terrorisme du 8 mai 1945. «Nous célébrons le 8-Mai-1945 en l'absence de la majorité de ceux qui ont résisté contre la répression du colonisateur ainsi que des principaux artisans des manifestations», dira M. Amokrane qui est l'un des initiateurs du mouvement de protestation qui s'est déroulé à Sétif à cette date.