Résumé de la 29e partie n Sur les conseils de Marzaouân, Kamaralzamân, déguisé en astrologue, se présente sous les fenêtres du palais et se met à crier son identité et tout ce qu?il peut accomplir comme prouesses. Alors tous les assistants, bien que convaincus de son savoir, ne tremblèrent pas moins de le voir échouer devant cette maladie sans espoir. Ils se mirent donc à se frapper la main sur la paume de l'autre main, en se disant : «Quel dommage pour sa jeunesse !» Or le roi, sur ces entrefaites, entendit le tumulte sur la place et vit la foule qui entourait l'astrologue. Il dit à son vizir : «Va vite me chercher celui-là !» Et le vizir immédiatement s'exécuta. Lorsque Kamaralzamân arriva dans la salle du trône, il baisa la terre entre les mains du roi et lui dit d'abord ainsi son compliment : «En toi sont réunies les huit qualités qui obligent à se courber le front des plus sages : la science, la force, la puissance, la générosité, l'éloquence, la subtilité, la fortune et la victoire.» Lorsque le roi Ghaïour eut entendu cette louange il fut charmé et regarda attentivement l'astrologue. Or, sa beauté était telle qu'il ferma un instant les yeux, puis les ouvrit et lui dit : «Viens t?asseoir à côté de moi !» Puis il lui dit : «Mon enfant, tu serais bien mieux sans ces habits de médecin ! Et je serais vraiment bien heureux de te donner ma fille comme épouse si tu parvenais à la guérir ! Mais je doute fort de ta réussite ! Et comme j'ai juré que nul ne devait rester vivant après avoir vu le visage de la princesse, à moins qu'il ne l'ait obtenue comme épouse, je me verrais forcé à contrec?ur de te faire subir le même sort que les quarante qui t'ont précédé ! Réponds-moi donc. Consens-tu aux conditions posées ?» A ces paroles, Kamaralzamân dit : «Ô roi fortuné, je viens de si loin vers ce pays prospère pour exercer mon art et non pour me taire ! Je sais ce que je risque, mais je ne reviendrai pas en arrière !» Alors le roi dit au chef eunuque : «Conduis-le chez la prisonnière, puisqu'il persévère !» Alors tous deux allèrent chez la princesse et l'eunuque, voyant le jeune homme hâter le pas, lui dit : «Misère ! Crois-tu vraiment que le roi sera ton beau-père ?» Kamaralzamân dit : «Je l'espère ! Et d'ailleurs je suis tellement sûr de mon affaire que je puis guérir la princesse d'ici même, pour montrer à toute la terre mon habileté et mon savoir-faire !» A ces paroles, l'eunuque, à la limite de l'étonnement, lui dit : «Comment peux-tu vraiment la guérir sans la voir ? Si cela est, quel mérite ne sera pas le tien !» Kamaralzamân dit : «Bien que le désir de voir la princesse qui doit être mon épouse me pousse à pénétrer au plus vite chez elle, je préfère obtenir sa guérison en restant derrière le rideau de sa chambre.» Et l'eunuque lui dit : «La chose n'en sera que plus étonnante !» Alors Kamaralzamân s'assit par terre, derrière le rideau de la chambre de Sett Boudour, tira de sa ceinture une feuille de papier et l'écritoire et écrivit la lettre suivante : «Ces lignes de la main de Kamaralzamân fils du sultan Schahramân, roi des terres et des océans dans les pays musulmans aux îles de Khaledân, «A Sett Boudour, fille du roi Ghaïour, maître d?El-Bouhour et d?El-Koussour, pour lui exprimer ses peines d?amour. «Si je devais te dire, ô princesse, toute la brûlure de ce c?ur que tu frappas, il n?y aurait guère sur la terre de roseaux assez durs pour tracer une chose si hardie sur le papier. Mais sache bien, ô adorable, que si l?encre venait à tarir, mon sang ne tarirait pas et t?exprimerait par sa couleur ma flamme du dedans, cette flamme qui me consume depuis la nuit magicienne où dans le sommeil tu m?apparus et pour toujours me captivas !» «Voici sous ce pli la bague qui t?appartenait. Je te la renvoie comme la preuve certaine que c?est bien moi le brûlé de tes yeux, qui crie vers toi amant, en signant de son nom Kamaralzamân. Je loge en ville au grand khan.» (à suivre...)