Mémoire n Des centaines d?historiens, sociologues, politiques, juristes ont participé, à Paris, au colloque sur la criminalité politique avec pour thème central l?affaire Ben Barka. Ghita Ben Barka, l?épouse du leader marocain disparu, Marie-Claude Vignaud-Hamchari, présidente de l?association Mémoire, vérité, justice sur les assassinats politiques en France, les historiens Gilles Manceron, Mohamed Harbi, des militants venus de différentes régions du monde dont de nombreux Marocains de France et de Belgique, ont participé à ce colloque. Selon l?intervention du représentant de la Ligue française des droits de l?Homme (LDH), le juriste Henri Leclerc, Hassan II «a été à l?origine de l?assassinat de Mehdi Ben Barka». L?avocat de la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin, a évoqué les verrouillages, sous le couvert de la raison d?Etat ou du secret défense en France, qui fait que même 40 ans après l?enlèvement de Mehdi Ben Barka, «on ne sait rien encore, ni des circonstances réelles de son assassinat ni du lieu où se trouve son corps». Bachir Ben Barka a, de son côté, retracé la trame de ce qu?il a qualifié de «crime d?Etat», soulignant que le combat pour la vérité se poursuivra «aussi longtemps que l?affaire restera verrouillée». Dans cette quête de vérité, un appel «en faveur de l'ouverture des archives» françaises a été lancé par de nombreux historiens, juristes et universitaires. Au Maroc, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et des associations marocaines non gouvernementales ont célébré, samedi soir à Rabat, le 40e anniversaire de la disparition du célèbre opposant marocain, en appelant les autorités marocaines à faire «toute la lumière sur cette affaire». Lors d'un meeting, organisé au théâtre Mohammed V à Rabat par l'USFP, le premier secrétaire de ce parti, Mohamed El-Yazghi, a déclaré que ses militants attendent que l'Instance équité et réconciliation (IER créée par le Conseil consultatif royal des droits de l'Homme) publie les résultats de son enquête afin d'avoir une «évaluation» sur le dossier de Ben Barka. M. El Yazghi a rappelé que son parti avait déposé, en 2003 auprès d'un juge d'instruction à Rabat, une plainte relative à la disparition du célèbre opposant. Il a qualifié cette disparition de «crime odieux». «Les coupables se sont trompés en pensant que l'affaire de Ben Barka devrait être oubliée. Mehdi est toujours présent dans la mémoire des socialistes et du peuple marocain», a déclaré le numéro un de l'USFP devant une salle archicomble. Mehdi Ben Barka, fondateur de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), devenu USFP en 1975, avait été arrêté le 29 octobre 1965, en plein Paris, par des policiers français. ll n'a pas réapparu depuis et son corps n'a jamais été retrouvé.