Refuge n Ils sont 40 enfants ayant perdu leurs parents et de surcroît pauvres. Diar Rahma est le seul endroit qui leur apporte chaleur et réconfort. Agés entre 5 et 13 ans, ces enfants souriants en permanence sont bien contents de nous voir. Razika, Randa et Khalida ont l?âge tendre d?une enfance tourmentée. Les petites filles dévoilent leur spontanéité en chantant et en riant sans pour autant évoquer leur passé douloureux. «Leurs résultats scolaires sont plutôt bons», souligne le directeur du centre. C?est une première pour de tels cas. Il fallait donc toute l?assistance psychologique pour détecter les carences affectives qui peuvent peser jusqu?à l?âge adulte. Abbas, qui a 8 ans, est le chef de file de ses camarades. Chacun rêve d?un avenir radieux et de compenser la perte d?un parent par l?ambition de réussir. Ces enfants seront pris en charge jusqu?à 18 ans, âge légal de la majorité. Leurs chambres propres et bien arrangées avec des photos de stars collées aux murs dégagent une bonne impression. «Ce sont eux-mêmes qui font leur lit et dépoussièrent leur chambre», commente le responsable du centre. Avec une pépinière et une salle d?Internet ainsi qu?une autre pour la télévision, les enfants ne s?ennuient pas. «Notre but est de réinsérer ces enfants dans la société», nous dit le directeur qui n?hésite pas à présenter son expérience pilote dans ce cadre : «Un atelier de resocialisation où les enfants apprennent dessin, musique et autres activités par des éducateurs spécialisés.» Tout le travail est là. Mieux encore, le Dr Azazene nous relate avec fierté l?idée du parrainage des enfants qui «ont surtout besoin de liens affectifs avec leurs parents adoptifs». Dans de tels cas, les parents désirant recueillir un enfant doivent d?abord établir des affinités avec ce dernier. «C?est un processus qui peut durer mais qui donne des résultats positifs», nous fait savoir le jeune médecin. Les bienfaiteurs sont-ils nombreux à venir adopter ces enfants ? On ne le saura pas. Chaque enfant constitue un cas à part. C?est un âge délicat que de se retrouver sans horizon. C?est la frange de ceux qui ont été touchés par la violence terroriste qui a subi le plus de traumatisme. Conséquence : les enfants victimes de terrorisme et leurs parents ont été évacués de Diar Rahma, car ce n?est pas «l?endroit pour habiter durablement», nous fait savoir le directeur de l?établissement. A Diar Rahma, il n?y a visiblement aucun enfant de cette catégorie. «Ce n?est pas la vocation de notre centre», précise le directeur qui nous révèle que d?autres espaces peuvent bien les accueillir en prenant en charge leur réinsertion. En tout état de cause, la plupart des enfants rencontrés, orphelins ou victimes d?accidents traumatiques, se sentent chez eux. Ils déambulent librement dans les couloirs et se familiarisent aisément avec les autres pensionnaires. Dès lors, des relations conviviales s?instaurent naturellement entre vieilles personnes, enfants et personnel de l?établissement. «C?est une vraie famille» pour le Dr Azazene.