Principe n C?est bien la devise du centre. Toute personne accueillie doit se sentir dans un milieu ouvert et hospitalier. Contrairement aux foyers pour mineurs et aux établissements du troisième âge, Diar Rahma est le lieu de sécurité et de tranquillité pour tout pensionnaire. Un abri parental a été la dernière trouvaille à Diar Rahma. C?est la population démunie du grand Sud qui en est la bénéficiaire. «C?est un espace culturel conçu spécialement pour des gens spécifiques», fait remarquer notre interlocuteur. La prise en charge se fait dans des cas de maladies dites régionales. A l?intérieur, aucun bruit ne dérange la quiétude de ces pensionnaires. On voit des plantes tracer tout le contour du couloir. Les locataires préfèrent dormir ou plutôt se relaxer pour voir un film ou un programme de divertissement pour occuper ces journées ramadanesques. «On encourage le travail d?expression, le jardinage et les métiers», nous confie une éducatrice. Chaque bâtisse livre ses petits secrets. Chez les vieilles personnes, la cuisine, ou du moins l?aide à la préparation au menu, est le violon d?Ingres des vieilles femmes. Une petite salle de cuisine fait l?effet d?un réel endroit d?apprentissage mais également d?échanges d?astuces et d?ingéniosité autour des meilleurs ingrédients. L?une des pensionnaires, Amina, 88 ans, ne donne pas l?impression d?une femme aigrie et meurtrie par son sort. Elle nous explique que c?est son fils qu?il l?a ramenée de Thénia à cet endroit. «Mon logis a été complètement délabré et je n?ai d?autres endroits pour vivre pour le moment qu?ici.» Amina pense qu?elle devrait bénéficier d?un logement tout compte fait à Alger. Elle ne se résigne pas à cette idée. Pour khalti Yamina, 99 ans, le mot tranquillité revient sans cesse durant notre conversation. «Je suis une victime de la précarité», se plaît à répéter notre interlocutrice. Elle affirme que c?est son père qui a édifié Djamaâ Safir, une des vieilles mosquées d?Alger. C?est grâce à une moudjahida que Yamina a débarqué quelques semaines auparavant. Le cas de M?hamed B. se veut un témoignage particulier de la détresse et de l'errance. A 70 ans et une corpulence d?un ancien sportif, il est frappé d?une double maladie (cataracte et glaucome) qui l?a rendu des années durant aveugle. Aujourd?hui, il voit mieux grâce à des soins prodigués par l?équipe médicale et les psychologues du centre. «Ici, tout le monde s?occupe bien de moi. Je suis guéri de cette maladie alors qu?une intervention chirurgicale m?aurait coûté 8 millions de centimes.» Dans son dénuement, M?hamed garde un sourire bon enfant. Il aime parler de ses anciennes gloires sportives et de Cervantès, son quartier natal. Le cas des mères célibataires constitue l?autre facette d?un drame dans une société qui traîne les tabous d?une morale excessive. Elles sont 34 mères célibataires à résider dans la discrétion absolue. Même si nous n?avons pas pu les rencontrer, nous avons pu apprendre que ces femmes vivent un quotidien normal dans ce centre. Et avec un doigté particulier, une équipe de médecins et de psychologues veille à leur bien-être. Le directeur nous dit que le plus important est de «veiller sur l?enfant de cette mère en le protégeant de la vulnérabilité». Ces enfants adoptés par la Kafala sont récupérés par leur mère dès qu?ils atteignent l?âge adulte. Pourtant, ce n?est pas chose aisée.