A Hassi Messaoud ou «l?Algérie utile» comme l?appellent certains, les jeunes broient du noir. La situation est explosive même si un certain calme semble revenu depuis une année. Les émeutes les plus tragiques sont celles qui ont éclaté pendant quelques jours à Ouargla. Des jeunes scandaient : «l?emploi pour les jeunes du bled» ou «Hassi Messaoud pour les enfants de la région.» Les motifs sont clairs et témoignent d?un chômage endémique qui touche la région. Ils sont plus de 6 000 sans emploi se retrouvant en face à une quarantaine de multinationales pétrolières. Mais pourquoi les jeunes s?en prennent-ils aux firmes pétrolières ? Selon des sources locales, 20% des Ouarglis sont recrutés dans ces entreprises alors que les 80% restants venant du «Nord» sont parachutés de «l?extérieur» à des postes bien rémunérés. La discrimination à l?embauche a visiblement creusé le fossé entre «Sudistes» et «Nordistes». Une tension bien alimentée quand on sait que les jeunes Ouarglis sont refoulés manu militari devant les postes de police des entreprises. Pourtant, avoue un député de la région, «les élus connaissent le problème du chômage». Et de poursuivre : « Tous les députés du Sud ont attiré l?attention sur les agissements des entreprises de sous-traitance.» Ces dernières, bien implantées, ne favorisent guère l?emploi dans ces régions et jouent le jeu des multinationales qui misent beaucoup plus sur les expatriés que sur la main-d??uvre locale. Pour éviter un éventuel retour aux émeutes, les autorités ont gelé les contrats des entreprises de sous-traitance et ont instruit les responsables de l?Anem pour favoriser le recrutement des jeunes de la localité. Mais est-ce suffisant comme mesures d?apaisement ?