Ourida est une grand-mère septuagénaire de six petits-enfants. Elle exprime souvent son insatisfaction quant aux comportements des enfants d?aujourd?hui qui semblent être plus tyrans que ceux des générations précédentes, selon elle. «C'est la caractéristique des enfants élevés selon la méthode du tout affectif et de la permissivité. À notre époque, il était inconcevable de voir des enfants avec autant de pouvoir», lance t-elle. Ammi Mohamed, frère d?Ourida abonde, dans le même sens : «Nos petits-enfants imposent leurs lois et les parents n?ont presque plus ce statut de leadership. Ils ont beau mettre des limites, elles ne sont jamais respectées. Le plus dur à admettre reste, toutefois, cette tolérance excessive de la part des parents.» Mouloud, 76 ans, relate son expérience et l?atmosphère qui régnait au sein de son foyer : «Dans ma petite famille, mon épouse se définissait essentiellement par rapport à son rôle maternel. Elle s'occupait exclusivement de nos enfants à tel point que par moments je me ne sentais pas concerné par cette activité. Et c?est le cas de nombreuses femmes issues de l?ancienne génération.» Avant d?ajouter : «Les temps ont changé et les hommes font de plus en plus preuve de compétence en matière d?éducation, même des tout-petits.» Ami Smaïl a 70 ans, il témoigne des dures relations qu?il entretenait avec ses parents : «Je ne me rappelle pas avoir échangé une discussion affective pendant toute ma jeunesse avec mon père. Cela m?a beaucoup marqué.» Mais en dépit de ce regret, âmi Smaïl semble avoir reproduit le même schéma avec ses enfants : «Ce n?était pas un choix, mais je n?avais pas le courage de me conduire autrement. Ne dit-on pas que l?habitude est une seconde nature ?»