Alors que les partis politiques, à l'exception du RND, ne semblent pas s'être encore forgé une « opinion » à propos des propositions d'amendement du code de la famille élaborées par la commission Zeghloul, les associations féminines montrent, une certaine « méfiance », avec un souci majeur : ces propositions passeront-elles l'écueil de l'APN ? « Nous prenons acte », déclare Mme Ourida Chouaki, de l'association Tharwa Fadhma n'Soumeur. Si ces propositions constituent, selon elle, une avancée par rapport à la condition féminine, elles ne consacrent pas pour autant le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes. « Le code de la famille est une discrimination en soi. Et, à ce titre, il doit être purement abrogé et remplacé par des lois civiles », ajoute-t-elle en s'appuyant sur les déclarations du pésident de la République lors de son discours d'investiture. Mme Ourida Chouaki s'est insurgée contre les « probables » résistances qui pourraient émaner des islamo-conservateurs. La présidente de l'Association de protection et de promotion des femmes, Mme Ouared estime : « La religion ne doit pas continuer à être appliquée pour les femmes seulement. » La proposition de permettre à la femme de garder le logement uniquement jusqu'à la majorité de ses enfants ne signifie pas, selon elle, le recouvrement d'un droit, mais l'expression d'un devoir dont la femme doit s'acquitter. « Que deviendra-t-elle une fois ses enfants majeurs ? », s'inquiète Mme Ouared. Elle salue la proposition du partage de l'autorité parentale, mais déplore que la polygamie et le divorce par le kholâ ne soient pas supprimés. Réitérant le principe d'égalité entre les deux sexes, Mme Ouared estime que les propositions d'amendement du code de la famille relèvent plus du « raccommodage » que du courage politique. L'AITDF estime, elle aussi, qu'il s'agit de « mesurettes », selon les dires de Mme Ourida Harhad. « On ne peut pas nier le travail, mais on ne peut pas taper des mains. Pour le moment, on attend », confie-t-elle. Si elles sont retenues, ces propositions d'amendement vont certes aider les femmes et contribuer à faire baisser le taux de divorce, selon Mme Harhad, mais elles ne changeront pas profondément la condition féminine. Elle fait remarquer que la polygamie et le divorce unilatéral restent encore posés. Quant à la révision de l'article 54 relatif à l'octroi du domicile conjugal, Mme Ourida Harhad estime qu'« il ne pouvait pas en être autrement vu les dégâts qu'il a induits ». En somme, pour elle, la commission n'a donné que le minimum de ce qui lui a été demandé. « On aurait voulu des lois égalitaires », poursuit-elle avant de s'interroger si l'APN est en mesure d'avaliser ces amendements. « Rien n'est moins sûr », selon Mme Harhad. Abondant dans le même sens, Mériem Bellala, de l'association SOS Femmes en détresse, note que les propositions émises par la commission de réforme du code de la famille sont positives, mais demeurent loin, très loin des revendications des femmes. « Ça reste un petit pas », déclare-t-elle. Mme Bellala regrette cependant le fait de donner autant de prérogatives aux juges. « Le divorce comme la polygamie demeurent des affaires de personnes », regrette-t-elle. La juriste et militante Nadia Aït Zaï estime, de son côté, que la proposition de confier l'autorité parentale aux deux parents est intéressante. « C'est une très bonne avancée, déclare-t-elle, mais ce ne sont encore que les propositions d'une commission. Qu'en sera-t-il du projet de loi et surtout de sa discussion au niveau du Parlement ? », appréhende la juriste. « Contrairement aux avis précédents », Nadia Aït Zaï estime que le plus gros des revendications a été pris en charge par la commission. « C'est encore plus loin que ce qui a été fait au Maroc », atteste la juriste, mais « seulement si ces propositions restent en l'état ». Pour elle, la balle est dans le camp des parlementaires qui ne doivent pas rogner ces propositions. « Ils n'en sortiront que grandis », lâche Aït Zaï. Pour l'instant, seul le RND a déclaré qu'il soutenait les propositions d'amendement du code de la famille. « Nous ferons notre possible pour que ces amendements passent à l'APN », nous a déclaré hier M. Malki.