Amine n?a que 13 ans. Son enfance lui a été volée et arrachée un certain soir, par un chauffard qui l?a heurté et éjecté violemment à l?autre bout du trottoir, pour prendre ensuite la fuite, l?abandonnant entre la vie et la mort. Son corps maigrelet a été écrasé par un «beau et grand carrosse», témoignent ses amis. On lui a volé son enfance et son innocence sur ces routes sordides, où il vendait du pain, que sa vieille mère Ouardia, préparait chaque soir. Cet accident impitoyable l?a condamné, car Amine est, depuis, handicapé, il marche difficilement et son dos est voûté. Il a été condamné ainsi pour la seconde fois, comme si la souffrance était sa destinée. Il s?est évanoui s?accrochant fortement à son panier de galettes, le serrant très fort comme si sa vie en dépendait, alors que le sang couvrait ses petites mains et son «corps» fatigué. Ses parents le pleurent, il a beaucoup de mal à faire un pas, à s?asseoir, à lire, à sourire ? et à vivre son enfance ! Traumatisé et toujours sous le choc, Amine ne quitte plus son «gourbi», la sinistre maison qui le protège des regards inquisiteurs et froids des passants et des curieux ! Et puis, il ne peut oublier, il revoit son cauchemar sans cesse ! L?école ne l?intéresse plus. Pourtant, il se passionnait pour ses études, ses stylos et ses crayons de couleurs. Aujourd?hui, il ne veut plus y remettre les pieds, il parle peu de sa classe de 8e année et de ses camarades ! «L?année dernière, ses parents l?ont obligé à étudier, en vain. Il ne veut plus vivre !», raconte un ami de Amine. «Il a travaillé dur pour se payer ses fournitures, il ne savait pas que la douleur l?attendait au bout du chemin.»