Parcours n Si Mohand U M?hand a vécu son existence comme une déchirure, une souffrance parce qu?il a assisté à la dépossession de son pays, de sa terre et de sa langue. «Je suis étranger dans mon pays», disait-il. Il a vécu sa vie comme une tragédie, un traumatisme, une fracture, une cassure. Pour oublier, il s?en va par les chemins et au hasard des routes. Il mène une vie de vagabond. Et dans son errance sempiternelle, «Si Mohand U M?hand reconstruit ses racines défaites à travers sa poésie, dans une esthétique, jusqu?à aujourd?hui, inégalée», souligne Rachid Mokhtari. «Il construisait un monde esthétique parce qu?il n?avait plus de repères et plus de refuge dans lequel il pouvait se protéger, il construisit cependant un monde ludique et non pas larmoyant et nostalgique, poursuit-il. Au lieu d?écrire sa poésie, Si Mohand U M?hand l?écrivait dans l?oral, dans le substra mental et verbal des Algériens.» Younes Adli dira, de son côté, que Si Mohand U M?hand était un lettré, qu?il incarnait une formation complète, voire une double éducation. «Il a appris la poésie, la grammaire et le fiqh, mais comme il était en contact permanent avec la science infuse de son milieu, il a hérité du droit coutumier kabyle», précise-t-il. Et d?ajouter : «Il est l?homme d?une double culture, d?une double formation.» Il affirmera également que Si Mohand u M?hand était poète (organique) du ârch Essoufrou, il était son représentant, le faisant connaître au-delà des montagnes, dans les plaines. Younes Adli relèvera que Si Mohand U M?hand, qui clamait sa poésie pour dire les malheurs de sa montagne, puisait sa force dans ce souci de consigner des repères historiques, dans cette ferme conviction de la primauté du spirituel sur le matériel, et enfin dans sa laïcité. Il dira à ce propos : «Si Mohand U M?hand était formé à la laïcité.» Et de poursuivre : «Il a été formé dans une zaouïa qui, elle, n?avait pas de complexe dans sa relation avec le sacré.» Ainsi, «Si Mohand U M?hand a reçu un enseignement religieux ouvert et tolérant.» Younes Adli attribuera à la poésie de Si Mohand U M?hand une dimension, outre poétique et historique, philosophique.