Résumé de la 3e partie n Les postulants se succèdent, mais la belle Zoummouroud ne trouve pas d?acheteur à sa convenance. Tous ceux qui la veulent sont vieux. Lorsque le chef courtier eut entendu ces vers, il dit à Zoumourroud : «Par Allah ! la vérité est de ton côté !» Mais déjà, comme cette seconde proposition n'était pas agréée, un troisième marchand s'avança et dit au courtier : «J'y mets le prix. Demande-lui si elle m'accepte !» Et le courtier interrogea la belle adolescente qui regarda alors l'homme en question. Elle vit qu'il était borgne, et éclata de rire en disant : «Mais ne sais-tu, ô courtier, les paroles du poète sur le borgne ? Ecoute donc : «Ami, crois-moi, ne fais jamais d'un borgne ton compagnon, et méfie-toi de ses mensonges et de sa fausseté. «Il y a si peu à gagner à le fréquenter, qu'Allah s'est hâté de lui enlever un ?il pour le signaler à la méfiance !» Alors le courtier lui montra un quatrième acquéreur et lui demanda : «Voudrais-tu de celui-ci ?» Elle examina ce dernier et vit que c'était un tout petit homme avec une barbe qui lui traînait jusqu'au nombril ; et aussitôt elle dit : «Quant à ce petit barbu-là, voici comment l'a dépeint le poète : «Il a une barbe prodigieuse, plante inutile et encombrante. Elle est triste comme une nuit d?hiver longue, froide et obscure». Lorsque le crieur vit qu'aucun n'était accepté de ceux-là qui d'eux-mêmes se présentaient pour l'achat, il dit à Zoumourroud : «O ma maîtresse, regarde tous ces marchands et ces nobles acheteurs, et indique-moi celui qui a la chance de te plaire pour que j'aille t'offrir à lui pour l'achat !» Alors la belle adolescente examina un à un tous les assistants avec la plus grande attention, et son regard finit par tomber sur Alischar fils de Gloire. Et l'aspect du jeune homme l'enflamma subitement du plus violent amour ; car Alischar fils de Gloire était, en vérité, d'une beauté extraordinaire, et nul ne le pouvait voir sans se sentir porté vers lui avec ardeur. Aussi la jeune Zoumourroud se hâta de le montrer au crieur, et dit : «O crieur, c'est ce jouvenceau-là que je veux, celui au visage gentil, à la taille onduleuse ; car je le trouve délicieux et d'un sang sympathique et plus léger que la brise du nord ; et c'est de lui que le poète a dit : «O jouvenceau, comment ceux qui t'ont vu dans ta beauté pourront-ils t'oublier ? «Que ceux qui déplorent les tourments dont tu leur remplis le c?ur cessent de te regarder. «Ceux-là qui veulent se préserver de tes charmes dangereux, que ne couvrent-ils d'un voile ton visage enchanteur !...» «Et c'est également de lui qu'un poète a dit : «O mon seigneur, comprends ! Comment ne point t'aimer ? Ta taille n'est-elle point svelte et tes reins ne sont-ils pas cambrés ? «Comprends, ô mon seigneur ! L'amour de ces choses n'est-il pas l'attribut des sages, des gens exquis et des esprits fins ? «O jouvenceau, mon seigneur, je te contemple et mes forces s'évanouissent ! «Oh ! ne me tue pas d'un regard : nulle religion ne recommande le meurtre. Oh ! que ton c?ur soit tendre et fléchisse comme ta taille ! Que ton ?il pour moi soit doux, comme lisse est ta joue !» «Un troisième poète a dit : «Ses joues sont pleines et glissantes ; sa salive est un lait doux à boire, remède aux maladies ; son regard fait rêver les prosateurs et les poètes ; et ses perfections rendent perplexes les architectes.» «Un autre a dit : «La liqueur de ses lèvres est un vin enivrant ; son haleine a le parfum de l'ambre, et ses dents sont des grains de camphre. «Aussi Radouân, le gardien du Paradis, l'a-t-il prié de s'en aller, de crainte qu'il ne séduisît les houris. (à suivre...)