Résumé de la 2e partie n Alishar, qui a vite fait de dilapider la fortune de son père, se retrouve pratiquement à la rue. ce jour-là, au marché, il est attiré par la beauté d?une esclave à vendre. Mais bientôt à côté de l'esclave vint se placer le chef courtier et, par-dessus les têtes empressées, il clama : «O marchands, ô maîtres des richesses, citadins ou habitants libres du désert, l'ouvreur de la porte de l'encan n'a aucun blâme à encourir ! Hardi donc ! Voici devant vous la souveraine de toutes les lunes, la perle des perles, la vierge pleine de pudeur, la noble Zoumourroud, incitatrice de tous les désirs et jardin de toutes les fleurs ! Ouvrez l'encan, ô assistants ! Nul blâme à l'ouvreur de l'encan ! Voici devant vous la souveraine de toutes les lunes, la vierge pleine de pudeur Zoumourroud, jardin de toutes les fleurs !» Aussitôt d'entre les marchands quelqu'un cria : «J'ouvre à cinq cents dinars !» Un autre dit : «Et dix !» Alors un vieux, difforme et hideux, aux yeux bleus et louches, qui s'appelait Rachideddîn, cria : «Et cent !» Mais une voix dit : «Et dix !» A ce moment, le vieillard aux yeux bleus si laids renchérit en bloc en criant : «Mille dinars !» Alors tous les autres acheteurs emprisonnèrent leur langue et gardèrent le silence. Et le crieur se tourna vers le maître de la jeune esclave et lui demanda si le prix offert par le vieillard lui convenait et s'il fallait conclure le marché. Et le maître de l'esclave répondit : «Je veux bien. Mais, auparavant, il faut que mon esclave y consente aussi, car je lui ai juré de ne la céder qu'à l'acheteur qui lui plairait. Il te faut donc lui demander son consentement, ô courtier !» Et le courtier s'approcha de la belle Zoumourroud et lui dit : «O souveraine des lunes, voudrais-tu appartenir à ce vénérable vieillard, le cheikh Rachideddîn ?» La belle Zoumourroud, à ces paroles, jeta un regard sur celui que lui indiquait le courtier, et le trouva tel que nous venons de le dépeindre. Alors elle se détourna, avec un geste de dégoût, et s'écria : «Ne connais-tu donc pas, ô chef courtier, ce que disait un poète vieux, bien que pas aussi repoussant que ce vieillard-ci ? Ecoute alors: «Je la priai pour un baiser. Elle me regarda. Et son regard ne fut point haineux, ni dédaigneux, mais il fut indifférent ! «Elle me savait riche pourtant et considéré. Elle passa. Et ces mots d'un pli de sa bouche tombèrent : «Les cheveux blancs ne sont point pour me plaire : je n'aime point entre mes lèvres mettre du coton mouillé !» En entendant ces vers, le courtier dit à Zoumourroud : «Par Allah ! tu refuses et tu as bien raison ! Ce n'est d'ailleurs pas un prix, mille dinars ! Tu en vaux dix mille, à mon estimation !» Puis il se tourna vers la foule des acheteurs et demanda si un autre ne désirait pas l'esclave au prix déjà offert. Alors un marchand s'approcha et dit : «Moi !» Et la belle Zoumourroud le regarda, et vit qu'il n'était point hideux comme le vieux Rachideddîn, et que ses yeux n'étaient ni bleus ni louches ; mais elle remarqua qu'il s'était teint la barbe en rouge, pour avoir l'air plus jeune qu'il n'était. Alors elle s'écria : «O honte ! noircir et rougir de la sorte la face de la vieillesse ! » Et, sur-le-champ, elle improvisa ces vers : «O toi qui es épris de ma taille et de mon visage, tu peux tant qu'il te plaît te déguiser sous des couleurs d'emprunt, tu ne réussiras pas à attirer mon regard. «Tu teintes d'opprobre tes cheveux blancs, sans réussir à cacher tes tares. «Tu changes de barbe comme tu changes de visage, et tu deviens un épouvantail tel qu'à te regarder la femme avorte dans sa fécondité !» (à suivre...)