Résumé de la 4e partie n Ayant repoussé tous ceux qui voulaient l?acheter, Zoummouroud jeta son dévolu sur Alischar. «Les gens grossiers, à l'esprit lourd, déplorent ses gestes et sa conduite, comme si la lune n'est pas belle dans tous ses quartiers, comme si sa marche n'est pas également harmonieuse dans toutes les parties du ciel !» «Un poète a dit encore : «Ce jeune faon, à la chevelure frisée, aux joues pleines de roses, au regard enchanteur, consentit enfin à un rendez-vous. Et me voici exact, avec le c?ur ému et l'?il anxieux. «Il me l'a promis, ce rendez-vous, en fermant les yeux pour me dire oui ! Mais si ses paupières sont fermées comment peuvent-elles tenir leur promesse ?» «Enfin un autre a dit à son sujet : «J'ai des amis peu subtils qui m'ont demandé : «Comment peux-tu si passionnément aimer un jeune homme dont les joues sont ombragées par un duvet déjà si fort ?» Je leur dis : «Qu'elle est grande votre ignorance ! Les fruits du jardin d'Eden ont été cueillis sur ses belles joues ! Comment auraient-elles, ces joues, fourni de si beaux fruits, si elles n'étaient déjà si touffues ?» Le courtier fut extrêmement émerveillé de voir tant de talent chez une esclave si jeune, et il exprima son étonnement au propriétaire, qui lui dit : «Je comprends que tu sois émerveillé de tant de beauté et de tant de finesse d'esprit. Mais sache que cette miraculeuse adolescente, qui rend honteux les astres et le soleil, ne se contente pas seulement de connaître les poètes les plus délicats et les plus compliqués, et d'être elle-même une constructrice de strophes, elle sait, en outre, écrire, avec sept plumes, les sept caractères différents, et ses mains sont plus précieuses que tout un trésor. Elle connaît, en effet, l'art de la broderie et du tissage de la soie, et tout tapis ou rideau qui sort de ses mains est coté au souk cinquante dinars. Note, de plus, qu'il lui suffit de huit jours pour parachever le tapis le plus beau ou le rideau le plus somptueux. Aussi l'acquéreur qui l'achètera rentrera-t-il dans son argent au bout de quelques mois, en toute certitude !» A ces paroles, le courtier leva ses bras d'admiration et s'écria : «O bonheur de celui qui aura cette perle dans sa demeure, et la conservera comme son trésor le plus secret !» Et il s'approcha d'Alischar fils de Gloire, que lui avait indiqué l'adolescente, s'inclina devant lui jusqu'à terre, lui prit la main et la baisa, puis il lui dit... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Elle dit : «En vérité, ô mon maître, ta chance est une grande chance de pouvoir acheter ce trésor pour la centième partie de sa valeur, et le Donateur n'a point lésiné avec toi dans ses dons ! Que cette adolescente t'apporte donc avec elle le bonheur !» A ces paroles, Alischar baissa la tête, et ne put s'empêcher de rire en lui-même de l'ironie de la destinée, et il se dit : «Par Allah ! je n'ai pas de quoi m'acheter un morceau de pain, et l'on me croit assez riche pour acheter cette esclave ! En tout cas, je ne dira1 ni oui ni non, pour ne pas me couvrir de honte devant tous les marchands !» Et il baissa les yeux et ne souffla mot. Comme il ne bougeait pas, Zoumourroud le regarda pour l'encourager dans l'achat ; mais il tenait les yeux baissés et ne la voyait pas ; elle dit alors au courtier : «Prends-moi par la main et conduis-moi auprès de lui ; je veux lui parler moi-même et le décider à m'acheter ; car j'ai bien résolu de n'appartenir qu'à lui, et pas à un autre !» Et le courtier la prit par la main et la conduisit auprès d'Alischar fils de Gloire. (à suivre...)