Conférence n Dans sa 16e édition du café théâtre, la Bibliothèque nationale a accueilli, dimanche, Makhlouf Boukrouh, universitaire, critique d?art dramatique et homme de théâtre. Lors de son intervention, M. Boukrouh a évoqué le rôle du théâtre dans le véhicule de l?identité nationale et aussi comme apport dans la propagande civilisatrice et culturelle. «Il se présente comme un moyen de propagande civilisatrice», dit-il à propos du théâtre, tout en soulignant que celui-ci fonctionne comme un miroir réfléchissant l?image de la société dont la scène favorise pleinement l?expression culturelle, car elle est la tribune du peuple. L?intervenant a illustré son exposé en évoquant l?intérêt que l?administration coloniale affichait, à l?époque, pour le théâtre, car il permettait de faire connaître et de véhiculer la culture officielle, c?est-à-dire française. Cet intérêt s?est traduit par un décret impérial (au XIXe siècle) dans lequel le gouvernement français mettait l?accent sur la nécessité de construire un théâtre à Alger. En 1953, les portes du théâtre furent ouvertes. Makhlouf Boukrouh précise que le théâtre, en tant que genre artistique, est une forme d?expression musclée et tenace. Outre son aspect de divertissement, il peut devenir une forme de résistance et d?affirmation de soi ; «et c?est pour cette raison que l?administration française a procédé, dans les années qui suivirent la prise d?Alger, à la suppression du jeu des marionnettes, très connu sous le nom de garagouz». Car à travers les marionnettes, c?est toute la culture ? populaire ? de l?Algérie qui s?exprimait dans son authenticité et en réaction contre le discours officiel. Ce genre de théâtre présentait en effet une menace pour la France qui, elle, ?uvrait, à travers sa politique d?assimilation à supplanter la culture autochtone. Par la suite, Makhlouf Boukrouh retracera la genèse du théâtre algérien, en mettant l?accent sur l?influence des Algériens, pionniers du théâtre, sur le théâtre français, un théâtre qui, certes, les a inspirés, mais dont le contenu était puisé dans le terroir et les traditions. «C?est un théâtre ancré dans le terroir et qui s?inspire des origines, c?est un théâtre authentiquement algérien», explique-t-il. Plus tard, et à l?indépendance, l?administration politique, consciente du rôle important que peut jouer le théâtre pour véhiculer l?idéologie dominante et donc de l?influence qu'il peut exercer sur le public, a subventionné le théâtre, mais à des fins politiques : faire la propagande du socialisme et le soutenir. C?est-à-dire l?enseigner au public.