Evénement n Le coup d?envoi du premier festival du film européen a été donné, mercredi, à la salle Ibn Zeydoun (Riad El-Feth). Cette première journée a été marquée par la projection de Mar Adentro du réalisateur espagnol Alejandro Amenabar. Le film, qui a obtenu l?Oscar du meilleur film étranger 2005, raconte la vie d?un tétraplégique et son vain combat de convaincre la justice de lui prodiguer une assistance l?aidant à mettre fin à ses jours. Ramon voulait décider de sa propre mort et terminer sa vie dans la dignité, la dignité de mourir librement. C?est donc l?histoire de Ramon qui, à la suite d?un accident dont il a été victime dans sa jeunesse, ne peut plus bouger que la tête et qui se trouve, depuis presque trente ans, prostré dans un lit, enfermé dans son corps. Sa seule ouverture sur le monde est la fenêtre de sa chambre à travers laquelle il «voyage» à travers monts et forêts jusqu?à la mer toute proche, cette mer qui lui a tant donné, mais en même temps ? et à la fin ? qui lui a tout repris. Le film, plein d?émotion, pose donc la problématique de l?euthanasie : doit-on l?autoriser ou pas ? Le film s?inspire d?une histoire vraie d?un Espagnol, Ramon Sampedro, qui a vécu vingt-huit ans tétraplégique à la suite d?un accident. Il s'est battu toutes ces années pour avoir le droit de mourir dignement et légalement et a raconté son histoire dans un roman Lettres depuis l'enfer et un recueil de poèmes Cando eu caia. Pour son scénario, le réalisateur s'est inspiré de ces deux ?uvres qui posent la thèse et l'antithèse de l'euthanasie. Ce film, se déroulant comme une sorte de documentaire, prête la voix aux uns et aux autres : à ceux qui sont pour l?euthanasie et à ceux qui sont contre. Chacun des intervenants y donne son avis : sa famille, ses proches et ses amis. Ainsi, Mar Adentro ouvre le débat dans une société laïque et qui reconnaît à l?individu la propriété de la vie, mais qui, paradoxalement, poursuit toute personne qui assiste quelqu?un atteint d?une maladie dégénérative en lui donnant la mort, sachant toutefois que les suicides ratés ne sont pas poursuivis judiciairement. Le film incite réellement à la réflexion car même si un sentiment de compassion va inévitablement vers la victime qui demande qu?on l?aide à mourir, il se trouve que la personne sollicitée ne peut disposer de sa vie. Chacun est «propriétaire» de sa vie et lui seul peut en disposer à sa guise. D'où la difficulté de se positionner par rapport à une question aussi sensible. Mar Adentro est un film courageux parce qu?il nous propose de regarder la réalité en face, la situation d?un homme ayant choisi de mourir, mais qui ne peut se donner la mort sans une aide extérieure. Il pose la question : que ferait-on si les opinions sur l?euthanasie divergeaint et s?opposaient ?