Repère n Au c?ur du quartier des Trois-Horloges, le marché a plusieurs décennies d'existence et sa carcasse est encore solide. Il est une partie intégrante du patrimoine collectif des habitants de Bab el-Oued. Il a la superficie d?un stade de football. Des milliers de gens y convergent quotidiennement, attirés par les prix abordables. Au-delà de cet aspect pécuniaire, rien ne rassure sur la qualité de la marchandise. Les alentours sont occupés par des marchands «SDF», installés après les inondations de Bab el-Oued, leur marché de Triolet ayant été fermé par les autorités. «Ils génèrent quotidiennement des centaines de quintaux de déchets, qu?ils laissent sur place», dira un commerçant de Bab el-Oued. Chaque jour, la boue mêlée aux déchets des légumes et autres fruits rend le moindre déplacement risqué, notamment pour les personnes âgées. Les ?ufs, les fruits, les fromages exposés sur du papier journal jonchent le sol. Le seul bac, censé regrouper toutes les ordures, est placé du côté de la porte d?en haut. Il ressemble à une dune d?ordures : papiers, déchets, caisses y trouvent leur demeure temporaire. Le premier étage du marché contient 112 étals et des dizaines de boutiques. Peu d?espace entre les étals, les gens circulent lentement, les pieds dans la boue. Certaines parties des boutiques sont de véritables décharges. Des clous, des caisses brisées, des tuyaux sont jetés, à l?abri des regards, rendant ainsi l?endroit impropre, abri idéal pour toutes sortes de rats. Questionné sur cette saleté, un commerçant, répond : «Chacun de nous fait ce qu?il peut pour garder sa place propre.» Au sous-sol, la deuxième partie du marché ne rassure pas davantage. Y entrer, c?est effectuer un passage dans le temps, vers une autre époque ! Les murs de briques, datant de l?époque ottomane, exposent, à leur tour, toutes les saletés retenues au fil des ans. Les coins abritent des colonies entières d?araignées. Le reste du toit est un immense champ de chasse, où gibier et prédateurs s?adonnent au jeu de la vie et de la mort. Des hordes de cafards, des nuées de mouches attendent d?être dévorés. La pêcherie est une grande poubelle. Telle une bouche édentée, elle dévoile des bouts de faïence noire. La conduite d?évacuation des eaux usées déborde, avec à l?intérieur des bouts de poissons. Un poissonnier courageux avoue : «Personne ne nettoie, personne ne se sent concerné par cette situation.» Pour le responsable du marché, «l?APC, fait ce qu?elle peut, mais la tâche n?est pas facile», au regard des déchets générés quotidiennement par les différents commerçants.