Ayez votre maison croulante refaite à neuf, dépensez mille dollars en trente minutes, tirez un trait sur vos dettes : la téléréalité s'impose en Indonésie, malgré les critiques d'exploitation de la pauvreté sous les paillettes. Des programmes larmoyants à souhait pulvérisent les scores d'audience. Une des émissions vedettes s'appelle Uang Kaget (Cash surprise). Elle met en scène un miséreux tel un ramasseur d'ordures se démenant pour dépenser en trente minutes la somme de 10 millions de roupies (1 000 dollars) qui lui a été offerte. Tout l'argent qu'il n'arrive pas à dilapider lui sera retiré. En haillons, l'heureux bénéficiaire court d'un magasin à l'autre, achetant ici une télévision, là un sac de riz, tandis qu'il est suivi par une équipe le filmant et un public rigolard. Le moment est comique et en même temps pathétique dans un pays où la moitié de la population dispose de moins de deux dollars par jour pour subsister. Dans un autre programme intitulé Bedah Rumah (Maison transformée), une famille a son logis entièrement rénové lors d'une journée qu'elle passe aux petits soins dans un hôtel de luxe. D?autres émissions de ce genre ont envahi le paysage audiovisuel indonésien, un pays où la misère fait pleurer de? rire.