Visa n Le Juge français, Jean-Louis Bruguière, chargé de la lutte contre le terrorisme, a révélé, hier, aux médias américains, que des écoutes téléphoniques sont fréquentes en France. Il a plaidé contre la libre circulation des personnes en Europe. Connu pour ses propos incendiaires, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, de passage à Washington dans le cadre de la coopération franco-américaine, a estimé, hier, que la libre circulation instaurée dans l'espace Schengen en Europe, posait un «vrai problème», dans le contexte de la lutte antiterroriste. «L'Europe continentale est une vraie passoire. On a un vrai problème en Europe, c'est l'espace Schengen», a déclaré Jean-Louis Bruguière lors d'une rencontre avec des journalistes à Washington, en saluant les procédures mises en place aux Etats-Unis pour contrôler les entrées, notamment le passeport biométrique. «La contrepartie de la liberté de circulation (dans cet espace) c'est le mandat d'arrêt européen», mais celui-ci, a-t-il ajouté, subit des «coups de canifs» qui le rendent insuffisant. Les accords de Schengen permettent à tout individu entré sur le territoire de l'un des 15 pays membres de franchir les frontières d'un autre membre sans contrôle. Le mandat d'arrêt vise à remplacer les lourdes procédures d'extradition en permettant aux autorités judiciaires de prendre contact directement entre elles sans passer par l'échelon politique, mais sa mise en place est inégale. Le juge Bruguière s'était déplacé pour deux jours aux Etats-Unis, à New York et à Washington, et devait rentrer hier soir. A Washington, il s'est entretenu avec des responsables du département de la Justice, du FBI, du département d'Etat et de la Maison-Blanche sur des «affaires en cours» et «l'évaluation de la menace» terroriste, a-t-il indiqué. Alors que les Etats-Unis sont plongés dans une controverse autour de la révélation en décembre d'écoutes extra-judiciaires menées par une agence de renseignement, la NSA, le juge a estimé que ce pays disposait de peu de marge de man?uvre dans ce domaine, par rapport à la France. En France, a-t-il rappelé, il existe des «écoutes administratives», utiles aux services de renseignement et «judiciaires», alors que les Etats-Unis ne disposent que de la seconde option.