Le doux, c?est que l?affaire entre les deux parties, Orangina-Algérie et Orangina-France, est bien juteuse et celui qui aurait ou pourrait avoir le dernier mot en deviendrait l?unique exploitant et avoir une pluie de milliards garantie. Car Orangina est une marque, un produit déjà reconnu sur le plan mondial, sa commercialisation à grande échelle n?aurait rien à envier à Coca-Cola, Pepsi et autres. L?enjeu est de taille. La conférence de presse organisée par M. Djgaguen lève un pan du voile sur les confusions qui entourent encore cette marque. Maître Farouk Ksentini a d?ailleurs brillamment dissipé les zones d?ombre et le conflit entre la Compagnie française des produits Orangina (Cfpo) et la Bgao. Malgré le protocole d?accord de 1977 qui les fait se reconnaître mutuellement, chacun exploitant la marque au niveau de son territoire respectif, l?accord a dégénéré après que la Cfpo eut été absorbée par la grosse boîte française Pernod-Ricard. Cette dernière entre alors en scène pour tenter de mettre la main sur le produit, en dépit des jugements rendus en faveur du directeur général d?Orangina-Algérie en en faisant officiellement, depuis 1963, selon les règles de la législation algérienne en matière de droit commercial, le propriétaire exclusif, après qu?il eut déposé sa marque régulièrement en 1969, 1980 et 1990, alors que les propriétaires de l?époque (1966) n?avaient pas réinscrit la marque qui tombe alors sous le coup de l?ordonnance n° 66-57 du 19 mars 1966 qui stipule, en son article 5, que «la propriété de la marque appartient à celui qui, le premier, en a effectué le dépôt». Et le premier a été Maâmar Djgaguen qui, sur le plan du droit, est inattaquable alors que les prétentions de la Cfpo sont irrecevables. Le côté aigre, c?est que la Cfpo, bien conseillée en France et voyant que, sur un plan légal, la cause était entendue, a essayé le charme de l?offre, l?attrait de la devise en proposant à M. Djgaguen une grosse somme d?argent pour qu?il cède son exploitation algérienne à son profit. Le chiffre de 10 millions de francs est avancé. Pour couper court, M. Djgaguen en demande 250. Le dialogue est alors définitivement rompu entre les deux parties qui entrent maintenant dans les méandres et les rebondissements issus de cas typiques d?affaires de concurrence déloyale, d?autant plus que le directeur général d?Orangina-Algérie a poursuivi en justice les établissements Zaïm et les eaux de Sidi El-Kebir, auxquels il avait cédé des concessions sur la marque, pour ne lui avoir pas versé les royalties et, en outre, n?avoir pas respecté les règles de fabrication. Sur les deux fronts, étranger et local, Orangina-Algérie reste la belle très convoitée. Mais pour M. Djgaguen c?est plus qu?une affaire commerciale à défendre, c?est ancrée aussi dans un sentiment nationaliste.