Résumé de la 9e partie n Scharkân, qui pensait s?approprier facilement les dix esclaves, se heurta à la farouche lutteuse qui le défia. Il répondit : «O dame, heureux alors celui qui peut se contenter, pour tout bien, d'Allah seulement, et qui n'a point en lui d'autre désir !» Elle dit : «Par le Messie ! je devrais appeler à moi les guerriers et te faire prendre par eux ! Mais j'aime compatir au sort des étrangers, surtout quand, comme toi, ils sont jeunes et beaux. Tu parles de pâture à tes désirs, eh bien ! je consens ; mais à condition que tu descendes de ton cheval et que tu jures, par ta foi, que tu ne te serviras point de tes armes contre nous et que tu consentiras à engager un combat singulier avec moi. Si tu viens à me terrasser, moi et toutes ces jeunes filles, nous t'appartiendrons, et tu pourras même m'emporter sur ton cheval. Mais si tu es le vaincu, tu seras un esclave à mes ordres, toi-même. Jure donc par ta religion !» Et Scharkân, en lui-même, pensa : «Ignore-t-elle donc, cette jeune fille, le degré de ma force, et que la lutte avec moi est inégale ?» Puis il lui dit : «Je te promets, ô jeune fille, que je ne toucherai point à mes armes, et que je ne lutterai avec toi que de la façon dont tu voudras lutter. Si je suis vaincu, j'ai assez d'argent pour payer ma rançon ; mais si je suis le vainqueur, alors, te posséder toi-même, quel butin digne d'un roi ! Je te le jure donc par les mérites du Prophète ! ? que sur lui soient la prière et la paix d'Allah !» Et la jeune fille dit : «Jure aussi par Celui qui a soufflé les âmes dans les corps et a donné ses lois aux humains !» Et Scharkân fit le serment. Alors la jeune fille prit son élan, de nouveau et, d'un bond agile, franchit le fleuve et revint sur la rive, près de la pelouse. Et toute rieuse, elle dit à Scharkân : «Vraiment je serai peinée de te voir partir, ô seigneur, mais c'est pour ton bien : pars donc ! car voici le matin qui s'avance et les guerriers vont venir et tu tomberas entre leurs mains. Car comment pourrais-tu résister à mes guerriers, toi qu'une seule de mes femmes ferait ployer et terrasserait ?» Et sur ces paroles, la jeune lutteuse voulut s'éloigner dans la direction du monastère, sans engager la lutte dont elle avait parlé. Alors Scharkân fut à la limite de l'étonnement et voulut essayer de retenir la jeune femme, et lui dit : «O ma maîtresse dédaigne, si tu veux, de lutter avec moi ; mais de grâce ! ne t'éloigne pas, et ne me laisse pas ici tout seul, moi l'étranger plein de c?ur !» Alors elle sourit et lui dit : «Et que veux-tu, ô jeune étranger ? Parle et ton souhait sera exaucé !» Il répondit : «Comment, après avoir foulé ton sol, ô ma maîtresse, et m'être dulcifié de la douceur de ta gentillesse, m'éloigner sans avoir goûté les mets de ton hospitalité ! Et me voici devenu un esclave d'entre tes esclaves !» Elle répondit, en appuyant du sourire : «Tu dis vrai, jeune étranger, il n'y a que le c?ur dur et peu généreux qui refuse l'hospitalité ! Fais-moi donc la grâce, seigneur, d'accepter la mienne, et ta place sera sur ma tête et dans mes yeux ! Remonte donc sur ton cheval et marche à côté de moi en suivant la rive du fleuve : dès ce moment, tu es mon hôte !» Alors Scharkân fut plein de joie et remonta sur son cheval et se mit à marcher à côté de la jeune femme, suivi de toutes les autres, jusqu'à ce qu'ils fussent tous arrivés à un pont-levis en bois de peuplier qui s'élevait et s'abaissait au moyen de chaînes et de poulies et était jeté sur le fleuve, en face de la porte principale du monastère. Alors Scharkân descendit de cheval et la jeune femme appela l'une de ses suivantes et lui dit dans le parler grec : «Prends le cheval et conduis-le aux écuries, et donne l'ordre de ne le laisser manquer de rien.» (à suivre...)