Résumé de la 10e partie n A sa demande, Scharkân est désormais l?hôte de la belle et jeune lutteuse qui l?emmène avec elle. Alors Scharkân dit à la jeune femme : «O souveraine de beauté, voici que tu deviens pour moi une chose sacrée, et doublement sacrée à cause de ta beauté et à cause de ton hospitalité. Veux-tu, sans plus avancer, revenir sur tes pas et m'accompagner au pays des musulmans, dans ma ville, Bagdad, où tu verras bien des choses merveilleuses et tant d'admirables guerriers ! Et alors tu sauras qui je suis. Viens, jeune chrétienne, allons à Bagdad !» A ces paroles de Scharkân, la belle lui dit : «Par le Messie ! je te croyais sensé, ô jeune homme ! C'est donc mon enlèvement que tu souhaites ? Et c'est à Bagdad que tu veux m'emmener, dans cette ville où je tomberai entre les mains de ce terrible roi Omar Al-Némân qui a, pour son lit, trois cent soixante concubines qui habitent douze palais, juste selon le nombre des jours et des mois de l'année ! Et je servirais une nuit à ses désirs, pour être ensuite délaissée ; et il jouirait ainsi farouchement de ma jeunesse ! Ce sont là des m?urs par vous autres admises, ô musulmans ! Ne parle donc point de la sorte, et n'espère point me persuader. Serais-tu Scharkân en personne, le fils du roi Omar Al-Némân, dont les armées sont, je le sais, sur notre territoire, que je n'écouterais pas ! Je sais, en effet, que dix mille cavaliers de Bagdad, ayant à leur tête Scharkân et le vizir Dandân, traversent en ce moment les frontières de notre pays pour aller rejoindre l'armée du roi Aphridonios de Constantinia. Et, si je le voulais, j'irais moi toute seule au milieu de leur camp, et de ma propre main je tuerais Scharkân et le vizir Dandân : car ce sont pour nous des ennemis. Et maintenant, viens avec moi, ô étranger !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Quand vint le soir, elle dit : Il m'est parvenu, ô roi fortuné, que la jeune femme dit à Scharkân, qu'elle était loin de connaître pour tel : «Et maintenant, viens avec moi, ô étranger !» Et Scharkân, en entendant ces paroles, fut extrêmement mortifié d'apprendre l'inimitié vouée par cette jeune femme à lui, au vizir Dandân et à tous les siens. Et certes, s'il n'avait écouté que sa mauvaise inspiration, il se serait fait connaître et se serait emparé de la jeune femme ; mais il en fut empêché par les devoirs de l'hospitalité et surtout par l'ensorcellement de sa beauté ; et il récita cette strophe : «Tu commettrais tous les délits que ta beauté, ô jeune fille est là pour les effacer et en faire un délice de plus !» Alors elle traversa le pont-levis lentement et se dirigea vers le monastère. Et Scharkân marchait derrière elle. Et il regretta que le vizir Dandân ne fut pas là pour s'émerveiller avec lui de cette splendeur. Et il pensa à ces vers du poète qu'il se récita : «Regarde la pureté de ses flancs argentés, et tu verras la pleine lune apparaître à tes yeux émerveillés. «Regarde la rondeur de sa croupe bénie, et tu verras, dans le ciel, deux croissants juxtaposés !» Et ils arrivèrent à un grand portail avec des arceaux en marbre transparent. Et ils entrèrent et arrivèrent à une longue galerie qui courait le long de dix arceaux soutenus par des colonnes d'albâtre. Et au milieu de chaque arceau était suspendue une lampe de cristal de roche, aussi éclatante que le soleil. Là, vinrent au-devant de leur maîtresse des jeunes suivantes qui tenaient des flambeaux allumés, d'où se dégageaient des odeurs aromatiques. Et elles avaient le front ceint de bandeaux de soie diadémés de pierreries de toutes les couleurs. Et elles ouvrirent la marche et conduisirent les deux jeunes gens jusque dans la salle principale du monastère. (à suivre...)