La flambée des prix sur certains produits maraîchers enregistrée ces dernières semaines serait due, selon le président de la Chambre nationale d'agriculture, Mohand Cherif Ould Hocine, en grande partie au déficit criant en marchés de gros et de détail en fruits et légumes. Ce dernier, qui s'exprimait lors de l'assemblée générale ordinaire de la CNA qui s'est tenu hier au siège de cette institution sise à Alger, a aussi argué dans ce sens, disant : «Les 42 marchés de gros, répartis pour la plupart sur la frange nord du pays, n'arrivent pas à eux seuls à absorber les 98 millions de quintaux de légumes et fruits issus de l'ensemble des exploitations agricoles.» Des marchés de gros animés par 4 134 mandataires, dont 98% sont des personnes physiques et les 2% des personnes morales. «C'est dire que l'informel est aussi présent dans les marchés légaux», a commenté Ould Hocine. Ce dernier a rappelé dans la foulée : «C'est pourquoi 71% de la production végétale annuelle emprunte le circuit informel, le reste transitant par le marché légal.» Une tendance largement entretenue par l'action de 11 marchés de gros parallèles «localisées» et qui par la force du temps se sont imposés en grande plaque tournante du négoce des fruits et légumes. Pour les marchés du détail, c'est pratiquement le même constat : «Il en existe 997 pour servir 4 000 familles.» Un rapport qualifié par ce responsable d'aberrant. Autre constat très significatif de l'insuffisance du nombre de points de vente au détail cité par le premier responsable de la CNA : «On compte 180 communes dépourvues de marché à détail et la superficie totale de vente sur tout le territoire national est estimée à 1 140 000 m2, ce qui reste largement insuffisant par rapport aux populations des centres urbains.» Toujours à propos des raisons de la flambée des prix, le président de la Chambre nationale d'agriculture a tenu à plusieurs reprises à disculper les ministères du Commerce et de l'Agriculture car, pour lui, ils ne sont ni de près ni de loin responsables de cette situation. Et d'expliquer : «Ajoutons au déficit des infrastructures le dérèglement de la mise en marché des produits agricoles qui est aussi derrière les sempiternelles hausses des prix ou du moins par saisons intercalées.» Un dérèglement qui pèse d'ailleurs lourdement sur le circuit de la distribution dans la mesure où, selon lui, il s'est traduit sur le terrain par des positions de dominance du marché et, par voie de conséquence, les auteurs de cette situation font la pluie et le beau temps. En quelque sorte, des acteurs dominants qui imposent leur diktat. Et Ould Hocine de dire enfin que la solution viendrait imposer une régulation du marché sur tous les produits végétaux comme ça a été le cas pour la pomme de terre et où le Syrpalac a donné des résultats «même si des irrégularités sur ce système ont été constatées. En effet, des dérives ont été constatées au point que des hangars frigorifiques prévus pour réguler le marché de la pomme de terre se sont transformés en lieu de stockage d'autres produits à des fins de spéculation». Pour en revenir à l'ordre du jour de l'assemblée générale ordinaire de la CNA, les débats ont surtout tourné autour des redevances parafiscales dont sont bénéficiaires les chambres de wilaya d'agriculture pour un montant de 6 milliards de dinars durant l'exercice 2009, en attendant que l'OAIC et Giplait s'acquittent de cette taxe parafiscale. A noter que les 31 milliards de dinars de redevances parafiscales cumulés durant les exercices précédents «vont servir à construire le nouveau siège de la CNA dans la commune de Bab Ezzouar», a indiqué Ould Hocine. Z. A.