A l?instar de l?Egypte ancienne, l?antiquité gréco-romaine fait un grand usage des couleurs. L?Iliade et l?Odyssée fourmillent de références à la couleur : les yeux pers de la déesse Athéna, les bras blancs des belles princesses, les boucles brunes ou dorées des héros, etc. La couleur est signe de beauté, de pouvoir, de deuil? On doit aux philosophes grecs les plus anciennes théories qui nous soient parvenues sur la couleur. Empédocle d?Agrigente (490-430 avant J.-C.), qui s?est rendu célèbre en se jetant dans le feu de l?Etna, abandonnant au bord du cratère ses sandales, s?était, le premier demandé si la vision est produite par les yeux ou si les yeux se contentent d?enregistrer les phénomènes extérieurs. Autrement dit, s?agit-il d?un phénomène actif, la vision des choses et des couleurs étant produites par l??il, ou d?un phénomène passif, les mêmes éléments étant seulement reçus et enregistrés. Après avoir hésité, il opte pour les deux hypothèses. C?est Empédocle également qui établira un rapport entre les quatre éléments naturels : le feu, l?air, l?eau et la terre, et quatre couleurs fondamentales qu?il décrit : le rouge, le blanc, le vert et le noir. Ces mêmes couleurs sont ainsi associées à la puissance, à la légèreté, à la profondeur et à l?épaisseur. L?antiquité romaine, elle, sera dominée par la couleur pourpre, une variété de rouge foncé, produite par un mollusque, le murex. La production de la pourpre a été longtemps le monopole des Phéniciens et les villes de Tyr et de Sidon (aujourd?hui Sour et Saïda, au Liban) fabriquaient les pourpres les plus belles et les plus recherchées.